Les prérequis pour faire de la médiation animale 2/3 - Les qualités/capacités de l'intervenant8/31/2022 Après avoir parlé de la formation nécessaire pour faire de la médiation animale (si vous n’avez pas lu cette première partie vous la trouverez juste ici) abordons le sujet des qualités et capacités (ou savoir-faire) qu’un intervenant doit avoir pour exercer ce métier. Bien sûr chaque personne est différente et c’est une richesse immense pour les bénéficiaires mais certaines personnalités ne colleront pas forcément avec ce métier (comme pour n’importe quel métier en fait…) et certaines qualités sont, pour moi, essentielles à avoir pour pouvoir exercer correctement. Les voici : Relation d'aidePour être intervenant en médiation animale il faut avoir la volonté (réelle et pas juste pour faire semblant sinon ça finit par se ressentir) d’aider des personnes en difficulté. Ça parait évident… et pourtant ! Beaucoup de personnes s’arrêtent à l’adjectif « animale » et oublient le mot le plus important qui est « médiation ». Faire de la médiation animale ce n’est pas « travailler avec les animaux » c’est « accompagner des personnes en difficulté ou fragilisées, à l’aide d’animaux ». L’animal n’est pas une fin en soi c’est un moyen, comme un psychologue qui ferait de la zoothérapie avec son chien, son but premier reste d’aider ses patients mais l’aide qu’il apporte est facilitée et/ou améliorée grâce à l’animal. Il faut certes aimer les animaux, mais aussi l’humain. Malheureusement beaucoup d’amis des bêtes en viennent à dénigrer (voire à détester/diaboliser/vouer une haine/vous pouvez rajouter les synonymes que vous voulez) tout ce qui a trait aux humains. Evidemment ne pas aimer son voisin qui se plaint des aboiements de votre chien et tire la tronche dès qu’il vous voit ne fait pas forcément de vous un mauvais candidat. Les personnes désireuses de s’engager dans un travail basé autour de la relation d’aide sont en général des personnes très empathiques, c’est-à-dire qu’elles peuvent se mettre à la place de la personne aidée mais seulement dans un souci de comprendre ce que celle-ci peut ressentir ou comment elle perçoit les choses par rapport à sa situation ou son handicap. L’empathie est une « démarche » cognitive, le but est la compréhension mais il faut faire attention à ne pas tomber dans l’émotion, le ressenti. Se mettre « à la place de » pour comprendre mais pouvoir se protéger pour ne pas ressentir réellement le mal-être du bénéficiaire. Bien sûr que certaines maladies, certains handicaps, certaines personnes vont nous toucher, à cause des sensibilités différentes de chacun, à cause de notre histoire personnelle, etc. Il faut savoir mettre une barrière, se protéger et en même temps ne pas devenir non plus un glaçon dénué de toute émotion. Il faut trouver le juste milieu mais clairement on ne peut pas aider une personne dont les difficultés nous font immédiatement monter les larmes aux yeux. PatienceOh oui il faut en avoir et pas qu’un peu ! Pour rebondir sur le point précédent, la patience est-elle plus importante pour traiter avec les humains ou avec les animaux ? Que chacun se fasse sa propre opinion, moi je déclare qu’il en faut pour les deux ! Commençons avec les animaux. Soyons réalistes, non ce ne sont pas des petits anges envoyés sur Terre ayant pour seul mission de propager l’amour et la paix. J’exagère, mais vous voyez le propos. Ce serait d’ailleurs à mon sens insulter leur intelligence et dénigrer le fait qu’ils soient des êtres sensibles (dans les émotions il y a aussi le fait de pouvoir ressentir de la colère). Alors déjà au quotidien, même sans travailler avec eux, il faut être armé d’une patience solide, si on part au quart de tour pour un pipi à côté, pour un câble rongé, ou quand il faut établir un plan de guerre pour administrer un médicament, ce serait la cata ! En médiation animale il faut avoir la patience pour éduquer, familiariser nos animaux à ce que l’on attend d’eux, car cela prend beaucoup de temps. Les habituer à des sons, des odeurs, des objets auxquels ils vont être confrontés. Et pour certains animaux, tout simplement les habituer à nous (dédicace à ceux qui ont des cochons d’Inde). Pour travailler avec eux, il faut déjà avoir une relation solide en amont. Lorsqu’on y arrive enfin c’est tellement gratifiant, l’attente et le temps consacrés en valaient la peine. Des fois, toujours parce qu’ils sont vivants et qu’ils ressentent des choses, ils vont être fatigués ou ne pas vouloir faire ce qu’on leur demande et on ne peut rien faire d’autre qu’accepter et respecter leur envie. C’est en soi une forme de patience. Concernant les bénéficiaires, on peut avoir besoin de patience pour toutes sortes de raisons, tout dépend du public avec lequel on intervient. Pour les personnes âgées, il faut pouvoir s’attendre à ré entendre la même question, posée par la même personne, et répondre la même réponse, plusieurs fois au cours d’une séance. Des fois plusieurs fois au cours d’une même conversation ! « Alors c’est un mâle ou une femelle ? » « C’est un mâle. » « Et il s’appelle comment ? » « Picchu ! » « Picchu, qu’est-ce qu’il est mignon. Enfin je dis « il » mais c’est peut-être une demoiselle, c’est un mâle ou une femelle ? » « C’est bien un mâle, regardez. » *retourne le cochon d’Inde pour montrer les noisettes, une image vaut mille mots* Bien sûr qu’on ne va jamais dire à une personne âgée qu’elle a déjà posé cette question cinq fois, alors on sourit et on redonne la réponse autant de fois qu’il faut avec la même énergie que si on y répondait pour la première fois. La patience peut se traduire par le fait d’aller lentement, des fois très lentement, que ce soit dans les gestes ou dans la parole, de devoir ré expliquer plusieurs fois des consignes, des fois en essayant plusieurs manières pour pouvoir se faire comprendre correctement, de répéter plus fort car la personne n’entend plus très bien, de prendre le temps d’aider et de rassurer lors d’une activité pour éviter le sentiment d’échec, etc. On ne s’en rend pas compte en cours de séance, mais des fois à la fin, sur le chemin du retour on se sent d’un coup fatigué comme si on avait accompli quelque chose de très physique, mais qui est en fait la conséquence de toute l’énergie et le mental fournis pendant la séance. Il faut savoir s’en décharger par la suite. AdaptationJ’ai déjà eu des séances où un de mes animaux se posait dans son panier et ne voulait plus bouger de toute l’heure. Les bénéficiaires, mais encore plus les référents il faut l’avouer, ont des attentes par rapport à nos animaux. Bien sûr on ne va pas obliger l’animal à se déplacer sur la table s’il veut rester posé, à manger s’il n’en a pas envie, à se faire caresser s’il en a marre. Mais en même il faut s’assurer de ne pas créer de frustration ou de déception vis-à-vis des bénéficiaires et pour ça il faut faire preuve d’une grande adaptabilité. On peut expliquer la situation, faire un point sur le respect et le bien-être animal, essayer de rendre le comportement de l’animal plus intéressant qu’il n’y parait au premier abord. On peut tourner la situation de façon à ce qu’elle devienne comique et engendrer des rires et de la bonne humeur. Les animaux représentent un miroir émotionnel pour les bénéficiaires et c’est ce qui fait que la médiation animale permet de très belles choses mais cela peut aussi avoir un côté négatif selon la situation et il faut savoir y remédier. Par exemple un animal va manger la courgette découpée par un des bénéficiaires mais va bouder le poivron soigneusement coupé du bénéficiaire voisin. Ce dernier peut vite faire le parallèle suivant « Il a mangé le légume du camarade, il l’apprécie. Il ne veut pas manger ce que je lui propose, ça veut dire qu’il ne m’aime pas ». Ce qui peut engendrer une réelle tristesse. Il faut pouvoir agir rapidement, en passant par des explications, en détournant l’attention du bénéficiaire vers un autre animal ou en faisant en sorte de lui faire comprendre qu’il n’a rien fait de mal. Par exemple : « Tu sais Picchu adore la courgette c’est pour ça qu’il mange ça en premier, peut-être qu’il viendra manger ton poivron après, et toi je suis sûre que tu as un aliment préféré aussi ? » Ou alors : « Picchu n’est pas trop fan du poivron, mais Chichén lui il adore tu peux lui en proposer ! Tu peux prendre un bout de chaque légume sur la table même si tu ne les as pas coupés et voir les préférences de chaque animal. » En tout cas ne jamais laisser un bénéficiaire avec un sentiment de mal-être ou d’incompréhension. Il faut aussi pouvoir s’adapter lors de situations pas très plaisantes lors desquelles il faut repenser et changer rapidement ce que l’on avait prévu de base. On avait prévu tel animal pour telle séance et finalement le jour J il a un souci de santé et on ne peut pas l’emmener. On arrive dans l’établissement, le référent s’est trompé dans le planning et a amené le mauvais groupe, qui n’a pas du tout les mêmes capacités que l’autre groupe, il faut changer les activités prévues. On avait prévu une activité pour 6 personnes, on arrive dans l’établissement, quatre d’entre eux ont la Covid il faut changer pour une activité faisable à deux. Il faut toujours pouvoir avoir un arsenal de rechange dans les affaires emmenées et concocter un plan de secours ou improviser rapidement si besoin. Telle une pieuvre qui change de couleur à la vitesse de l'éclair pour s'adapter à un nouvel environnement ! CréativitéUn intervenant en médiation animale travaille forcément avec du matériel pédagogique, en plus de ses animaux. On peut faire le choix d’acheter du matériel déjà tout prêt mais il sera toujours plus intéressant de le fabriquer soi-même quand on peut. Fabriquer son matériel c’est pouvoir le personnaliser à l’effigie de ses animaux. Ce qui peut être essentiel pour certaines activités pour pouvoir faire le parallèle entre le matériel et les animaux présents, mais aussi tout simplement le rendre attrayant pour les bénéficiaires. Des cartes avec les photos des animaux qu’ils connaissent et apprécient leur donnera peut-être plus envie de s’investir dans ce jeu que des cartes avec des animaux inconnus. Fabriquer son matériel c’est aussi avoir du matériel adapté aux publics que l’on vise. Que ce soit au niveau de la taille, des couleurs, des matières, des images, de la police, il faut imaginer comment il sera perçu et manipulé par nos bénéficiaires, tout en prenant en compte leurs éventuelles difficultés motrices et cognitives. Alors pour celles et ceux qui ont un talent en dessin, peinture, collage, couture, menuiserie, vous pouvez vous en donner à cœur joie ! De façon générale, que ce soit dans la création du matériel ou dans la préparation des séances il faut s’attendre à innover régulièrement car on ne va pas refaire la même activité trois fois avec les mêmes personnes. Mais pour nous éviter aussi à nous-même de devoir refaire toujours les mêmes choses ce qui serait lassant à la longue. Et faire une activité qu’on en a marre de faire pourrait impacter la qualité de l’accompagnement qu’on propose. Douceur et bienveillanceSont les mots d’ordre que ce soit avec les animaux ou les humains. Est-ce qu’il y a besoin de débattre là-dessus en vérité ? Ça devrait être évident pour n’importe quel métier impliquant de la relation d’aide, qu’elle soit tournée vers des humains ou des animaux. Que ce soit dans la voix, les gestes, le contact, tout comportement entrepris envers les bénéficiaires devrait être bienveillant. Ce qui ne veut pas dire se laisser marcher sur les pieds ou accepter des comportements irrespectueux que ce soit envers nous ou envers les animaux. On peut être ferme tout en étant bienveillant. La bienveillance est étroitement liée à la patience et à l’empathie. Avant de déplacer une personne en fauteuil roulant on va la prévenir et s’assurer qu’elle a bien compris qu’elle allait être déplacée, on va faire attention aux griffes lorsque l’on pose un animal sur un bénéficiaire qui a la peau très fine et fragile, s’assurer de nommer et décrire ce que l’on donne à toucher à une personne mal voyante ou lui expliquer ce qu’il se passe devant elle. La bienveillance nécessite de pouvoir déduire quelles conséquences sur le bénéficiaire aura un comportement de notre part, s’il est fait de telle ou telle manière. Et la bienveillance nécessite de prendre le temps qu’il faut. Observation et anticipationC’est là qu’avoir fait des études ou une formation en éthologie est intéressant car cela aiguise notre sens de l’observation et nous pouvons analyser les comportements sous un angle nouveau. Ajouté à ça une connaissance des comportements spécifiques à tel animal ou tel public, permet de comprendre instantanément un comportement ou une parole et de connaitre les besoins d’un bénéficiaire ou d’un animal à un moment T. Bien sûr il arrive des fois qu’on ne comprenne pas l’intention qu’il y a derrière un comportement et c’est là que le référent doit nous éclairer. Il arrive aussi des fois que même les référents ne comprennent pas et là il faut creuser et essayer plusieurs pistes pour comprendre. Par exemple avec des enfants atteints de polyhandicap qui ne parlent pas et sont très limités au niveau de leurs mouvements il est parfois très difficile d’interpréter leurs mimiques ou leurs sons. Était-ce un sourire ou une grimace de gêne quand il a senti le contact avec l’animal ? On réessaye lentement et on observe le reste du corps, on cherche l’indice qui peut nous éclairer. Pour s’assurer de la sécurité de nos animaux il est aussi important de pouvoir anticiper, là il n’est plus question de comprendre un comportement mais de déceler le plus tôt possible si un comportement va être initié de la part d’un bénéficiaire. Encore une fois il est très important de connaitre son public et d’avoir l’œil partout à chaque moment. Ce qui peut être très épuisant ! Encore une fois cet article a pour but d’apporter des informations et conseils aux personnes voulant faire de la médiation animale leur métier, qu’elles puissent se poser les bonnes questions avant de se lancer. Bien sûr ces réflexions sont subjectives, elles découlent de tout ce que j’ai appris théoriquement mais sont illustrées de mon expérience personnelle.
Merci d'avoir lu jusqu'à la fin !
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Se former pour faire de la médiation animalePour résumer en une phrase ce dont a besoin un intervenant en médiation animale, c’est la fameuse DOUBLE CASQUETTE ! Pour exercer ce métier il faut avoir autant de connaissances sur les publics pour lesquels sont destinées les séances que sur les animaux avec lesquels on travaille. On ne peut tout simplement pas faire l’impasse sur l’un ou l’autre. Voyons plus concrètement pourquoi : Connaissances des publics visésLorsque l’on fait de la médiation animale à visée thérapeutique ou de la zoothérapie (j’utilise personnellement ces deux termes pour deux pratiques distinctes, comme je l’explique ici) nous sommes face à des publics fragiles qui ont des besoins et des capacités qui peuvent se rejoindre ou être complétement différents. Une connaissance des publics que l’on vise est essentielle pour que nos séances ne soient pas inutiles, voire, néfastes. Une personne âgée n’aura pas les mêmes besoins qu’une personne avec un polyhandicap, une personne âgée avec des capacités cognitives et physiques correctes n’aura pas les mêmes besoins qu’une personne âgée atteinte de démence. Les animaux, le matériel pédagogique utilisé, mais aussi notre approche et notre relation à l’autre doit s’adapter selon chaque public. Certains auront besoin d’animaux calmes, d’autres d’animaux plus vifs. Certains seront plus dans le tactile, ou le visuel (dans ce cas on peut avoir des textures, des longueurs, des couleurs de poils différents, ou varier avec des animaux à plumes, à écailles si possible), d’autres plus dans le relationnel. Il faut faire attention dans le choix du matériel choisis pour ne pas mettre en difficulté les bénéficiaires (ce serait la pire chose à faire) mais aussi veiller à ce que ce ne soit pas trop infantilisant (on ne va pas utiliser des jeux qui sont visuellement très enfantins avec des personnes âgées ou des personnes avec un handicap moteur, qui ont encore toute leur conscience et leurs capacités cognitives), ou encore utiliser du matériel qui soit trop facile. La façon dont on s’adresse aux bénéficiaires change d’un public à l’autre. Pour établir un lien sain avec des personnes âgées, je m’adresse à elle en les vouvoyant et en les appelant par leur nom de famille, les tutoyer serait considéré comme irrespectueux (sauf si l’une d’elle demande expressément d’être appelée par son prénom). Par contre je n’ai jamais vouvoyé un adulte en Foyer d’Accueil Médicalisé ou en Maison d’Accueil Spécialisée, je les tutoie et les appelle par leur prénom, non pas pour les infantiliser, mais parce que vouvoyer ce public mettrait une distance dans le lien que l’on veut construire avec eux. Certains publics ont besoin que l’on s’adresse à eux d’une manière qui rappelle le motherese (le langage que l’on utilise avec les bébés et les petits enfants), en parlant lentement, en utilisant des mots simples, en articulant chaque syllabe et en exagérant l’intonation de la voix. Il est important de se faire comprendre lorsqu’on explique une tâche à faire pour s’assurer que, si le bénéficiaire présente des difficultés à la réaliser, cela provient de la complexité de la tâche et non pas d’une incompréhension des consignes. Par contre cette façon de parler pourrait être mal perçue par d’autres. Il faut constamment s’adapter. Pareillement pour la distanciation sociale et le tactile. On peut encourager un enfant avec un polyhandicap en lui caressant le dos de la main ou le bras, cela peut le stimuler et le réconforter. Ces mêmes gestes pourraient avoir un résultat catastrophique sur un jeune atteint d’autisme. C’est pourquoi une connaissance de ces publics est essentielle. Connaissances sur le comportement et le bien-être animalD’après mes différents échanges avec d’autres intervenants en médiation animale, la plupart proviennent de formations du médico-social et/ou sont d’anciens employés d’établissements médico-sociaux et moins proviennent du milieu animalier. C’est mon impression. Mais en fait j’ai envie de dire, peu importe, que l’on sorte de l’un ou de l’autre de ces milieux, il faut impérativement se former à celui qui nous manque. Déjà en premier lieu, connaitre le comportement animal, permet de choisir ses animaux médiateurs au mieux. On pourra toujours se tromper bien sûr, mais on pourra diminuer ce taux d’erreur. Que ce soit du plus petit hamster à l’imposant cheval, il faut connaitre l’éthogramme de chaque espèce avec laquelle on veut travailler. Même pour un petit NAC, n’importe lequel ne fera pas l’affaire car on attend de lui qu’il apporte une valeur ajoutée à la séance et à l’équipe, et qu’il ne soit pas en situation de mal-être permanent. De toute façon, les deux se rejoignent, un animal stressé ne sera forcément pas un bon animal médiateur et la séance n’aura pas l’effet escompté sur le bénéficiaire. Nous devons pouvoir intervenir tout de suite en cas de situation dangereuse ou stressante pour l’animal mais ça ne suffit pas, il faut pouvoir anticiper au maximum pour que ces situations n’arrivent pas. Les besoins de chaque espèce doivent être pris en compte et respectés. Doit-on choisir un animal dès son plus jeune âge pour qu’il soit un bon animal médiateur ? Pas forcément ! Selon les cas cela peut être une bonne idée mais ça peut aussi être un piège. Encore une fois il faut avoir une bonne connaissance du comportement et des différentes espèces. Que ce soit un chien, un chat, un cochon d’Inde, on peut voir dès le plus jeune âge bien sûr les différents tempéraments des frères et sœurs au sein d’une même portée, et selon ce que l’on compte faire avec cet animal on va choisir le plus avenant, le plus calme ou le plus joueur, etc. On a une idée de sa future personnalité, et c’est important, mais celle-ci peut évoluer une fois l’animal mature avec l’arrivée des hormones et finir par ne plus correspondre à ce que l’on attendait au départ. C’est le risque de prendre un animal jeune. D’un autre côté l’avantage va être que l’on pourra le sensibiliser et l’habituer au plus tôt au transport, aux établissements dans lesquels on se rend, avec tout leur lot d’odeurs et de bruits. J’ai pu discuter avec plusieurs intervenants qui avaient adopté un premier chien qui s’est avéré parfait pour la médiation, puis en ont adopté un deuxième, de la même race, du même éleveur, et au final c’est une toute autre expérience qu’ils ont eu avec ce deuxième chien qui n’était, soit pas du tout fait pour la médiation, soit ne se comportait pas du tout pareil que le premier en séance, ne supportait pas certains publics, etc. Sachant que quand vous adoptez un deuxième animal d’une espèce très sociale comme le chien ou le lapin, ce deuxième animal n’aura pas forcément la même relation avec vous que la relation que vous avez eu avec le premier. Le premier animal va s’attacher fort à son humain (en général) car c’est le seul être avec qui il peut être en interaction, il va être éduqué à 100% par l’humain, etc. Mais le deuxième animal (surtout quand on le prend jeune) va trouver à la maison un autre représentant de son espèce, donc évidemment et naturellement qu’il va être fortement attaché à lui, qu’il va plus apprendre et imiter un individu de son espèce qu’un humain. C’est exactement ce qui est arrivé avec mes lapins, ma première lapine que j’ai adopté seule est hyper attachée à moi mais mon deuxième lapin que j’ai adopté à 2 mois est lui hyper attaché à ma lapine et je n’ai pas du tout la même relation avec lui qu’avec elle. C’est même elle qui l’a éduqué car il l’imitait dans absolument tout. Heureusement il reste un super lapin médiateur et en séance nous avons une bonne complicité, il a gardé en grandissant son tempérament doux et calme pour lequel je l’avais choisi. Les différentes formations possibles (non exhaustif)Il existe aujourd’hui de plus en plus de formations pour devenir intervenant en médiation animale. J’ai personnellement suivi celle d’Agatéa, Chargé de projet en médiation animale, qui est, aux dernières nouvelles, la seule formation qui délivre un diplôme reconnu par l’Etat.
Juridiquement il n’est pas obligatoire de se former car le métier d’intervenant en médiation animale n’est pas reconnu, mais il faut le faire quand même ! Pour avoir une légitimité, pour proposer un accompagnement de qualité, pour combler les connaissances manquantes, etc. Par contre l’obtention de l’ACACED est obligatoire pour pouvoir travailler avec des animaux. C’est une certification qui atteste que vous êtes aptes à assurer le bien-être de vos animaux (en théorie) et que vous connaissez les différents textes et lois liés à votre activité professionnelle. Il existe un ACACED chien, un chat, un NAC (il est possible aussi de passer les trois en même temps). Pour les autres animaux non domestiques il faut de toute façon un certificat de capacité pour pouvoir en avoir à la maison. Petit récapitulatif des formations existantes :
A côté de ces formations principales il en existe aussi plusieurs autres plus petites proposées par ces mêmes instituts pour compléter ses connaissances ou pour se spécialiser que ce soit sur une espèce animale, une approche particulière, un public particulier, etc. Il est aussi désormais possible de se former à l’université :
Vous pouvez cliquer sur les liens c'est cadeau ;) Comme j’ai dit la liste n’est pas exhaustive, il en existe de plus en plus et des plus ou moins qualitatives. Il faut se renseigner et choisir celle qui vous convient le plus par rapport à vos attentes, à vos besoins, à vos contraintes. Ne pas hésiter à demander les avis de personnes les ayant déjà suivies.
VSC’est une question que l’on m’a posée plusieurs fois : quel fond je mets pour l’enclos de mes cochons d’Inde ? Alors je me suis dit qu’un article passant en revue les différentes possibilités pourrait intéresser beaucoup de propriétaires. Le but n’est pas de faire l’apologie de l’une ou l’autre de ces options mais plutôt de passer en revue tous les avantages et les inconvénients de chacune. Personnellement j’ai utilisé pendant longtemps de la litière puis je suis passée au couchage absorbant (pour ne pas dire Drybed qui est une marque déposée) et je trouve que c’est plus pratique pour moi. Cependant je ne pense pas que ce soit la meilleure option pour tout le monde et donc j’espère qu’à la fin de cet article vous soyez plus éclairés sur la façon de faire qui vous convient le mieux :) La litièrePetit point sur la litière. Quand je parle de litière je ne parle pas de n’importe laquelle. J’en ai testé plusieurs et j’ai finis par trouver le combo ultime, le plus efficace selon moi. Tout d’abord si vous le faites encore je vous recommande (et je ne suis pas la seule) à ne plus acheter la litière en copeaux. C’est la moins chère du marché et évidemment son prix est très attractif. Pour être honnête ça doit être la plus économique, même en prenant en compte le fait qu’elle n’est pas très efficace (son pouvoir absorbant est tout pourri), car vraiment son prix est ridicule par rapport aux autres litières. Si on pouvait établir une règle concernant le marché des produits pour animaux je dirai : « Tout ce qui est cher n’est pas forcément de bonne qualité mais tout ce qui n’est pas cher est très souvent de mauvaise qualité » malheureusement. MAIS la litière en copeaux est considérée nocive pour nos petits cochons (pour les lapins aussi au passage) car très très poussiéreuse et nous savons que leur petit nez (unique orifice d’où ils respirent) est fragile. Et je ne parle même pas de celle qui contient des odeurs de synthèse pour que ça sente bon, soit disant. Par pitié n’achetez jamais ça ! De plus la litière en copeaux a la fâcheuse manie de se coller un peu partout sur nos cochons d’Inde, surtout quand elle est bien collante de pipi (beurk) et de voler joyeusement dans notre maison. Je ne recommande pas non plus ni la litière en papier, ni la litière pour chat. Si vous voulez absolument acheter de la litière pour chat vous pouvez adopter un chat :) Alors c’est parti pour vous donner ma recette secrète de la meilleure litière ! Quelques poignées de granulés de paille croustillants saupoudrées de litière de chanvre aérienne. Pourquoi un combo des deux ? La litière de chanvre est celle qui est aujourd’hui recommandé par tous les vétérinaires. Elle est beaucoup moins poussiéreuse que la litière en copeaux, n’est pas toxique, naturelle, plus absorbante… mais pas assez absorbante à mon goût ! Quand je l’utilisais seule elle ne me satisfaisait pas. Alors j’ai voulu changer et j’ai essayé les granulés de paille. Ces derniers sont vraiment très efficaces, ultra absorbants et agglomérant. Au contact de l’urine les granulés se désagrègent et forment des masses compactes dont l’extérieur reste plutôt sec. En plus l’odeur est retenue à l’intérieur de ces masses (on le sent bien au moment de changer la litière !). (petit aparté) : il existe aussi dans le même style les granulés de bois que je n’ai jamais testé, ils sont moins chers que les granulés de paille et j’avais peur qu’ils soient moins efficaces. Mais si quelqu’un les utilise j’aimerais bien avoir son avis ! Sauf que voilà, les granulés de paille à eux seuls me posaient aussi problème (décidément je suis difficile). En fait ils ne sont pas confortables pour les cochons d’Inde et leurs petites pattes. Les granulés sont plutôt gros et j’avais l’impression que ça leur faisait le même effet que si nous, nous marchions pieds nus sur une plage de gros galets. Alors j’ai combiné les deux et ça alliait parfaitement confort et efficacité. Et je me suis rendu compte que ce mélange était aussi plus économique que d’acheter juste l’un ou l’autre. Je ne vais pas vous mentir les granulés de paille coûtent très cher et il vaut mieux acheter directement le très gros paquet sinon c’est encore plus cher. Mais comme ils sont efficaces, quelques poignées suffisent à faire la différence. Il ne reste plus qu’à rajouter le chanvre par-dessus. C’est plus économique que la litière de chanvre seule car vous pourrez espacer davantage le changement de litière. Voilà voilà. Le couchage absorbantEn vogue depuis maintenant quelques années, l’idée vient des Drybeds utilisés par les vétérinaires comme couchage pour les animaux en convalescence. Le principe du Drybed réside dans sa capacité à filtrer les liquides et rester sec en surface. Que ce soit pour des chiots ou chatons qui ne peuvent se retenir ou pour des adultes devenus incontinents suite à une chirurgie ou un traitement, le Drybed est un couchage pratique dans les cliniques vétérinaires. Alors certains ont eu l’idée géniale d’utiliser ce tissu particulier comme fond pour leurs cochons d’Inde, qui (pour la très grande majorité) ne sont pas propres et font pipi où bon leur semble. Le concept est devenu tellement populaire que des couchages absorbants spécialement conçus pour les cochons d’Inde ont vu le jour et on en trouve maintenant très facilement à la vente. Le principe est simple, la première couche de tissu en surface laisse passer l’urine, qui s’écoule à travers et arrive à la deuxième couche, faite d’un tissu cette fois très absorbant. Résultat : les cochons d’Inde sont toujours au sec ! Magique. Je n’en ai personnellement jamais acheté, peut-être un jour ! Mais pour l’instant je les trouve trop onéreux. Ils sont certes, très sophistiqués, et aussi très jolis, mais un couchage absorbant « fait maison » fait tout autant l’affaire. Prêts pour ma deuxième recette ? Il faut tapisser votre fond de cage ou d’enclos d’une première couche absorbante. Pour moi ce sont des grandes serpillères toutes simples. Je sais que d’autres utilisent des serviettes ou des tapis de bain mais je vous conseille grandement les serpillères car leur pouvoir absorbant est plus important, elles ne laissent pas cette désagréable impression d’être détrempées et sèchent beaucoup plus vite une fois lavées. Au dessus des serpillères je pose un plaid (oui celui dans lequel vous vous enroulez pour regarder une série sur le canapé) en polyester ! Il faut absolument qu’il soit en polyester ou en tissu polaire, c’est ce textile qui va filtrer l’urine et rester sec en surface pour les petites papattes des cochons. Une fois lavé il sèche aussi super vite ! Mais dit donc ça a l’air extra ! Oui, mais… Je ne vais pas vous mentir, utiliser des couchages absorbants demande bien plus de travail que d’utiliser de la litière. Je m’explique. Nous savons tous que nos cochons d’Inde sont des usines à crottes, ils en font tout le temps, en mangeant, en buvant, en dormant, qu’ils soient contents, effrayés, énervés, y aura toujours une crotte ! Mais le jour où je suis passée au couchage absorbant je me suis vraiment rendue compte de l’ampleur du truc ! Vu que les crottes ne peuvent plus s’enfouir sous la litière, elles sont toutes à la surface, elles deviennent extra visibles ! Alors pour les faire disparaitre et que ce ne soit pas trop crado il faudra les ramasser deux fois par jour. On s’y habitue au bout d’un moment, et si vous n’avez pas donné trop de concombre à vos cochons d’Inde, ça reste plutôt easy (vous voyez ce que je veux dire ?). Ensuite par rapport au changement, les couchages étant réutilisables il faudra bien les laver. Encore une fois ça demandera bien plus de temps que de vider la litière dans un sac et basta. Il vous faudra bien les dépoussiérer (avec tous les poils et le foin qui s’y seront déposés) puis les rincer à l’eau chaude plusieurs fois et enfin les laver soit à la machine, soit à la main, à vous de voir. Sachant que le polyester ne peut être lavé à plus de 30° pour ne pas être endommagé et garder sa capacité filtrante. Je recommande de les laver avec une lessive douce, pour peaux sensibles par exemple, pour ne pas irriter les pattes de vos cochons d’Inde. Je rajoute aussi un peu de vinaigre blanc (notre meilleur ami). Surtout ne faites pas la même erreur que moi d’utiliser du savon de Marseille ! Je suis une grande adepte du savon de Marseille mais voilà quand j’ai essayé de laver avec, le savon a laissé comme une enveloppe protectrice sur le plaid (je précise que j’avais bien rincé) et il est devenu déperlant ! Je vous raconte pas mon étonnement quand j’ai vu que l’urine restait bien sagement à la surface. Heureusement le plaid a perdu son imperméabilité après un second lavage. Malgré ces inconvénients je préfère les couchages à la litière, et pour plusieurs raisons. Les couchages étant réutilisables ça économise quand même pas mal d’argent. Plus de projection de chanvre en dehors de l’enclos et je trouve qu’il y a moins d’odeur. Mais le plus important reste, et de loin, que cette méthode est plus hygiénique et confortable pour les cochons d’Inde. Ils sont plus propres car toujours au sec et les propriétaires de mâles non castrés me comprendront, fini le problème de la poche anal qui se remplit de litière ! Ca c’est un vrai soulagement. (explication pour ceux qui ne savent pas : les mâles possèdent une poche anal, on ne sait pas vraiment à quoi ça sert, mais cette poche a la fâcheuse tendance à se remplir de tout ce qui se trouve autour. D’autant plus pour les mâles non castrés dont les testicules « poussent » la poche à s’ouvrir. Avec la litière je devais de temps en temps leur vider cette poche car elle se remplissait de litière sale. Mais depuis que j’utilise les couchages leur poche est toujours nickel !) Selon moi les couchages sont aussi plus écologiques, malgré qu’il faut pas mal d’eau pour les laver je me dis que ce sera toujours moins que la quantité d’eau utilisée pour transformer le chanvre en litière (par contre c’est une plante qui demande très peu d’eau pour sa culture) ou la paille en granulés. De temps en temps je rajoute un peu de terre de diatomée entre les deux couches, surtout au printemps, qui permet d’éliminer d’éventuels parasites (larves de mouches, poux, puces, acariens, etc). La terre de diatomée absorbe aussi l’humidité et neutralise les odeurs. Pour résumer je vous ai fait un tableau récapitulatif de tous les avantages et inconvénients de chacune des méthodes c’est mieux que mon long blabla : Les + de ce tableau n’illustrent pas une notion de quantité mais de positivité tout comme les – illustrent la négativité. Par exemple le couchage absorbant a deux – car le travail à fournir est plus important que pour la litière, il est donc plus contraignant. J’espère que vous y voyez maintenant plus clair quant à la différence entre ces deux options et que cet article vous aidera à choisir ou à vous décider pour un changement. A bientôt :)
Quel titre provocateur pour un novice en éthologie ou en biologie évolutive ! Et pourtant quel grand sujet que celui-ci. Pour la critique d’un premier livre d’éthologie je n’ai pas été tendre avec vous sur le choix. Ce livre petit mais extrêmement condensé n’est pas de ceux que l’on lit pour se détendre. Et pour preuve il m’a fallu 3 ans pour le finir. Vous l’avez compris c’est un livre qui requiert des savoirs de base sur la sexualité animale pour pouvoir le digérer. L’auteur Thierry Lodé le fait bien comprendre, il ne s’embête pas à ménager son lecteur en enrichissant son texte de définitions et d’explications. Non, si vous vous plongez dans ce livre c’est pour vous perdre, nager à contre courant, batailler avec votre cerveau sur un des sujets les plus complexes de l’étude du comportement animal. Pourquoi ce livre alors ? Car c’est honnêtement un des livres les plus intéressants que j’ai eu à lire et un de ceux qui m’a fait le plus cogiter. Thierry Lodé transpire la passion pour ce sujet d’étude et ça se voit. A chaque page que je tournais je ne pouvais m’empêcher de me demander comment il a pu fournir un tel travail de réflexion et de recherche bibliographique (la bibliographie fait exactement 43 pages…). Ce livre fourmille de théories sur la sexualité des animaux, d’expériences, de travaux et d’exemples concrets sur des centaines d’espèces différentes. Tout est passé au peigne fin, des parades amoureuses à l’acte sexuel, de la recherche du partenaire à l’investissement reproducteur, du plus petit ver parasite au grand éléphant d’Afrique. Et puis, qu’est-ce que le viol, le plaisir, ou l’homosexualité chez les animaux ? Qu’est-ce qui fait qu’une espèce a tendance à être monogame ou polygame ? Qui sont les vrais boss de cette battle finalement, les mâles ou les femelles ? (C’est en fait une vraie question scientifique je vous assure). Et pour aller plus loin, quelle est la place de l’Homme dans tout ça ? Quelles sont les limites de la science à comprendre ce comportement complexe? Alors ce que je vous propose avec cette critique c’est de vous donner soit l’envie de lire le livre si vous êtes déjà un peu calé sur le sujet ou, si vous n’y connaissez rien, d’apprendre plein de choses en ménageant vos petits neurones. Avant de commencer, quelques définitions : Système d’appariement : Processus de formation des couples. Monogamie : le fait de n’avoir qu’un partenaire sexuel à un temps donné. Polygamie : le fait d’avoir plusieurs partenaires en même temps. Polygynie : le fait pour un mâle d’avoir plusieurs partenaires femelles en même temps. Polyandrie : le fait pour une femelle d’avoir plusieurs partenaires mâles en même temps. Harem : groupe d’animaux sur un territoire permanent composé d’un mâle dominant et de plusieurs femelles. Lek : espace où se réunissent plusieurs mâles pour effectuer leurs parades amoureuses et compétitrices devant les femelles. Phénotype : Traits ou caractères observables d’un individu. Phylogénie : étude des relations et liens entre espèces apparentées au cours de l’évolution. Spermathèque : poche remplie de sperme que les mâles de certaines espèces laissent aux femelles qui s’en serviront pour féconder leurs œufs. Petit point sur la sélection sexuelle Dans son livre L’Origine des espèces (1859), Darwin nous présentait son explication de la sélection naturelle. Qui explique, en gros, que les individus les plus adaptés à leur environnement sont ceux qui réussissent à survivre pour se reproduire et qui donc transmettent leurs gènes aux générations futures. C’est la lutte pour la survie. Mais Darwin se rend compte que cette sélection seule ne pouvait expliquer qu’il y ait autant de variations chez des individus d’une même espèce mais aussi que certains traits inutiles à la survie puissent perdurer dans le temps. Pourquoi certains mâles, comme les paons et leur magnifique queue par exemple, se trimballent cet accessoire hyper handicapant qui les rend plus vulnérables face aux prédateurs ? Tout simplement pour se reproduire. Darwin évoque alors ce deuxième concept de sélection sexuelle qu’il définit comme : « une lutte entre mâles pour la possession des femelles ; et le résultat en est non pas la mort du perdant, mais le fait qu'il aura aucun ou peu de descendants. » Pourquoi le terme de "guerre" ?Car en biologie évolutive l’accouplement est une recherche de pouvoir, le pouvoir du contrôle de la reproduction. Mâles et femelles bataillent pour leur propre succès reproducteur. Ce cliché, pas totalement faux, qui affirme que les mâles privilégient la quantité et les femelles la qualité, trouve sa logique et ses limites. Les mâles ne sont physiologiquement pas limités à un nombre de descendants. Plus un mâle féconde de femelles, plus il a de chances de transmettre ses gènes à la génération suivante. Plan à court terme, faisable le temps d’une vie. Par contre une femelle est limitée par sa propre capacité à enfanter. Sa stratégie consiste donc à choisir le ou les mâles les plus qualitatifs possibles pour transmettre les bons gènes qui feront que ses petits auront le meilleur succès reproducteur possible et qui transmettront à leur tour les gènes de leur mère à leurs petits. Plan à long terme, sur plusieurs générations. Cette compétition des sexes façonne l’évolution des mâles et des femelles de chaque espèce qui constamment inventent de nouvelles méthodes pour surpasser l’autre. Une sorte de course aux armements au sein d’une même espèce. Car si Darwin pensait que la sélection sexuelle n’était qu’une affaire de mâles, il avait bien tort. Pendant longtemps les femelles ont été considérées comme passives et non déterminantes lorsqu’il s’agissait de reproduction, mais plus les années passent et plus les études montrent la complexité de cette affaire. Il se pourrait même grandement que ce soit le sexe faible qui ait le plus souvent le dernier mot. En bref, la nature ne se laissera jamais résumer en deux phrases bien construites. Comment les animaux choisissent leur(s) partenaire(s) ? quelques théories : La théorie du handicap C’est sûrement aujourd’hui la théorie la plus connue et la plus acceptée en biologie évolutive. Elle explique pourquoi certains mâles sont affublés d’attributs hypertéliques, c'est-à-dire des caractéristiques physiques ou physio sensorielles exagérément grandes, surdéveloppées ou extrêmement colorées, qui des fois les handicapent dans leur vie de tous les jours. Amotz Zahavi en parle à juste titre comme des handicaps séducteurs. Revenons à nos mâles paons, un exemple très utilisé pour illustrer cette théorie. Leur queue ne peut s’expliquer du point de vue de la sélection naturelle car elle ne sert qu’à séduire, la preuve, elle tombe une fois la saison des amours terminée. Alors qu’est-ce qui attire autant les femelles dans cet accessoire coloré ? Selon la théorie du handicap les femelles choisiraient les mâles avec la plus grande et jolie queue car c’est justement la plus handicapante ! En fait ces mâles prouvent qu’ils arrivent à survivre même avec leur handicap, du coup plus leur handicap est grand plus leur aptitude à survivre est avérée. Néanmoins, chez de nombreuses espèces, ces attributs hypertéliques possèdent la deuxième fonction d’être une arme redoutable. Malheureusement pour nos paons c’est loin d’être le cas… « Nombre de mâles préfèrent sacrifier au dieu Mars l’intérêt de leurs attributs et exhibent des armements autrement dissuasifs. Que dire des impressionnants bois des cervidés ou encore des mandibules hypertrophiées des scarabées lucanes cerfs-volants ! L’anomalie réside bien plutôt dans le fait que certains attributs n’aient apparemment aucun autre rôle que séduire. Car enfin, l’exigence cruelle des femelles tend alors à transformer les mâles en véritables kamikazes. Pourquoi les livrées camouflées s’avéreraient-elles moins séduisantes ? L’existence d’une morphologie discrète affirme tout aussi bien l’aptitude à la survie. » La théorie des bons gènes Cette théorie rejoint celle du handicap car le fond reste le même : les femelles choisissent les mâles les plus beaux car ils sont plus aptes à survivre. La différence ici réside dans le pourquoi ils survivent. La théorie des bons gènes explique qu’un plumage aux couleurs éclatantes, un beau pelage ou d’immenses bois ou cornes, prouvent aux femelles que ces mâles sont en bonne santé, qu’ils ne sont pas malades mais surtout qu’ils ne doivent pas avoir de parasites car les parasites ont tendance à abimer ces parties du corps. Les attributs hypertéliques ne sont plus alors qu’un caprice des femelles car grâce à eux il est encore plus facile de différencier un mâle en bonne santé d’un mâle en mauvaise santé : « L’hypothèse de résistance aux parasites de Hamilton-Zuk est vraiment admirable, elle restaure l’importance des particularités hypertéliques dans la sélection sexuelle. Conférant un avantage génétique aux mâles qui en sont pourvus, les traits extravagants démontrent la qualité des mâles. » Cependant cette hypothèse se retrouve limitée par les études démontrant que les mâles ayant le plus grand taux de testostérone, donc étant les plus virils, donc ayant les attributs les plus développés, sont ceux qui ont le plus tendance à être infestés de parasites. Mais sinon, si les femelles choisissent toujours les mâles aux attributs les plus grands, les plus développés, les plus extravagants, pourquoi existe-il toujours des variations au sein des différents mâles d’une espèce ? En fait pourquoi existe-il toujours des mâles paons aux tailles de queues différentes si ce sont toujours les plus grandes qui sont choisies, pourquoi cette queue ne grandirait pas à l’infini au fil de l’évolution ? Thierry Lodé nous présente deux hypothèses qui tentent de l’expliquer :
La théorie de l’indicateur basé sur l’âge Selon plusieurs études les femelles préfèrent les mâles les plus âgés. La théorie de l’indicateur basé sur l’âge explique cette tendance par le fait qu’un mâle âgé prouve de par son âge qu’il a de bons gènes pour survivre tout simplement parce qu’il a vécu longtemps ! Et il est en plus aisé pour les femelles de choisir car chez de nombreuses espèces la particularité de la parade amoureuse évolue avec l’âge du mâle. Par exemple chez le crapaud accoucheur, plus un mâle est âgé plus sa gorge devient profonde et plus son chant devient grave. Les femelles discriminent alors au son le meilleur candidat. Un male âgé est en fait un mâle sûr, alors qu’un jeune mâle ne peut pas prouver encore combien de temps il va survivre. De plus les mâles âgés sont souvent les plus dominants. Mais comme toute théorie a ses limites : « La sélection de l’âge constitue un choix sexuel simple et efficace. Il faut cependant en nuancer l’intérêt. La fertilité des mâles peut parfaitement diminuer avec le temps et les femelles recherchant un doyen peuvent n’obtenir qu’un faible taux de fécondation. En outre, la charge parasitaire peut augmenter au fur et à mesure que se dégrade la résistance physique. L’objection majeure reste cependant que la sélection de l’âge ne constitue pas un avantage réel après un certain nombre de générations. » En fait chez les espèces qui vivent en groupes avec des mâles dominants ou en harem la majorité des jeunes sont issus du mâle le plus âgé, ils possèdent donc logiquement de bons gènes et en plus assurent une meilleure fertilité. La théorie de l’échelle Finalement est-il logique que seules les femelles choisissent le meilleur mâle et que les mâles n’aient pas leur mot à dire ? Pourtant chez bon nombre d’espèces c’est la femelle qui prodigue les soins aux petits et si elle le fait mal les petits mourront. Résultat : le mâle aura perdu du temps et de l’énergie pour séduire et féconder cette femelle alors qu’il aurait pu le faire avec une « meilleure » femelle. Selon la théorie de l’échelle deux méthodes s’offrent aux mâles comme aux femelles pour choisir leur partenaire :
Contrairement à ce que pensait Darwin la sélection sexuelle est bien plus complexe que la seule idée que « les mâles se battent pour les femelles ». En fait autant le mâle que la femelle n’ont pas intérêt à se tromper dans leur choix, d’où l’idée de conflit. « Dans tous les cas les mâles préfèrent les femelles apparemment les plus fécondes. C’est donc dire que les mâles peuvent s’avérer être le sexe sélectif. A contrario, les femelles peuvent devenir le sexe peu discriminant. Une seule éjaculation reste souvent très insuffisante pour assurer une fécondation. Les femelles ont donc intérêt à multiplier les copulations et à provoquer plusieurs rencontres. Finalement, chacun des partenaires doit investir assez pareillement dans l’effort sexuel. » C’est que très longtemps les chercheurs ont négligé le fait qu’il n’y a pas que les mâles qui se montrent mais que les femelles sont aussi très séduisantes. Les signaux indiquant la valeur des femelles a longtemps été réduit à un simple état affichant leur réceptivité. Il existe de nombreuses autres théories de la sorte mais il serait impossible de toutes les résumer ici. Monogame ou polygame ? Pourquoi certaines espèces sont-elles monogames ? Le sont-elles réellement ? Quelles sont les causes ? Quels bénéfices en tirent-elles ? Les espèces monogames doivent bien choisir leur partenaire car elles n’auront pas de seconde chance, mais d’un autre côté pourquoi fournir autant d’efforts pour n’avoir en récompense qu’une seule fécondation ? « La monogamie est fascinante parce qu’elle apparait vraiment comme une anomalie. Pourtant, selon la sélection sexuelle, enfin répartie également entre le mâle et la femelle, l’activité sexuelle devrait trouver dans le couple monogame un apaisement du conflit. » Le système d’appariement d’une espèce n’est apparemment pas une question de phylogenèse. En effet on retrouve la monogamie chez les mammifères, les reptiles, les oiseaux, les crustacés. Et même au sein d’une même classe, au sein d’une même branche il ne semble exister aucun lien phylogénétique logique expliquant pourquoi telle espèce préfère tel système d’appariement. « On pourrait supposer que la proximité physique qu’oblige la pénétration sexuelle encouragerait davantage la monogamie chez les espèces pratiquant le coït tandis que la fécondation externe provoquerait une augmentation des rivalités et une plus grande promiscuité sexuelle. Il n’en n’est rien. Des poissons à fécondation externe révèlent des mœurs très monogames alors que nombre de singes vivent une forte polygynie. En fait, très peu d’espèces organisent un appariement en couple monogame. Bien que la monogamie se manifeste dans des groupes zoologiques aussi différents que les crustacés ou les lézards, l’adoption d’un contrat d’exclusivité sexuelle n’est finalement majoritaire que chez les oiseaux. Encore que la tricherie en est rarement absente. » Alors qu’est ce qui incite à la monogamie ? La théorie du soin parental Cette théorie propose que les espèces monogames soient celles dont les soins aux petits nécessitent autant le mâle que la femelle. Mais aussi que pour pouvoir faire sa part des soins la femelle ait besoin du mâle et inversement. Cette théorie est soutenue par l’hypothèse du désavantage des femelles négligentes (décidément la biologie n’est pas tendre avec les femelles) qui explique que les femelles de certaines espèces n’arrivent pas à s’occuper seules de leurs petits et que si le petit monsieur veut des enfants il est obligé de mettre la main à la pâte. Tels les couples des manchots empereurs, obligés de se passer le relais entre couver et se nourrir pour éviter que leur œuf ne gèle. Vu que certains poissons à fécondation externe ont besoin d’être deux pour protéger leurs œufs des prédateurs cette théorie semble donc apporter une réponse à leur monogamie. Mais bien sûr il y a toujours quelques espèces qui ne veulent pas suivre les règles et adorent casser des théories basées sur des années de recherches. Car, comme la tortue verte, certaines espèces très fidèles ne s’occupent que très peu ou pas du tout de leurs petits. (Petite parenthèse) : Il faut noter que toutes les espèces ne sont pas monogames à vie. Certaines sont monogames saisonnières, c'est-à-dire que deux partenaires forment un couple stable lors d’une période de reproduction donnée, qui varie d’une espèce à l’autre, mais ça ne les empêche pas de changer de partenaire stable pour la saison suivante. Les stratégies de gardiennage Si certaines espèces n’ont pas de soins à apporter à leurs petits mais qu’elles sont quand même monogames c’est qu’elles doivent y trouver leur compte pour une autre raison. Chez de nombreux oiseaux monogames le mâle surveille fermement sa femelle. En fait l’explication c’est qu’en restant tout le temps avec elle il s’assure que tous les futurs oisillons de la portée seront les siens. Cette stratégie lui parait peut-être plus efficace que de féconder plusieurs femelles qui peuvent avoir été fécondées par d’autres mâles. En fait les femelles de certaines espèces peuvent choisir quel sperme servira à féconder leurs ovules. Selon l’espèce, soit parce qu’elles disposent d’une spermathèque, ou que peu importe combien de fois elle s’est accouplée ce sera le dernier mâle le père de ses petits, ou encore qu’elle puisse féconder ses ovules avec plusieurs spermes de mâles différents ce qui donnera une portée de demi-frères et demi-sœurs. Dans ces cas-là il est compréhensible que le mâle ait tout intérêt à rester auprès de la femelle pour s’assurer de sa paternité. La théorie de la fertilité cryptique Cette théorie est extrêmement intéressante et en plus elle est illustrée avec un exemple que j’ai trouvé très drôle et mignon. Les femelles crevettes grises ne peuvent se reproduire qu’au moment de leur mue. Le problème c’est que cette mue ne dure que quelques heures et son déclenchement est totalement inattendu. Le mâle est obligé de rester près de sa femelle tout simplement parce qu’il ne sait jamais quand il va pouvoir se reproduire ! Et ici la femelle tire totalement avantage de la situation car le mâle la protège farouchement et elle en a bien besoin quand elle se retrouve sans défenses privée de sa carapace. Certains chercheurs pensent que c’est aussi la raison qui motive les humains à être monogames. Aucun signe visible n’apparait lors de l’ovulation de la femme donc pour que l’homme puisse espérer avoir des enfants il doit rester auprès d’elle et répéter régulièrement l’acte sexuel (je vous apprends quelque chose ?). Mais il est bien difficile de rentrer l’Homme dans une case comme on veut le faire avec les autres espèces. Trop de facteurs, comme la culture, la religion, la situation économique et sociale, entrent en jeu pour pouvoir expliquer le système d’appariement humain. Si dans les pays occidentaux la monogamie est la règle (même s’il peut y avoir triche comme chez les oiseaux), allez demander aux Kuba-Lele ou aux Mosuo s’ils trouvent ça logique. Et le plaisir dans tout ça ?Ce qui est marrant et ce que j’ai toujours trouvé bizarre c’est que les biologistes sont persuadés que les animaux ont recours au sexe dans le but de se reproduire. Toutes les théories se regroupent autour de cette idée. Ils ne nient pas qu’ils ressentent du plaisir. Le plaisir est évident et des fois même très visible, sans plaisir les animaux continueraient-ils à s’accoupler ? Mais il n’est presque jamais mentionné que le plaisir pourrait être leur seule motivation. Ce plaisir est d’ailleurs très souvent dénigré. Car pour des chercheurs qui pensent dur et ferme que les animaux n’ont pas de théorie de l’esprit comment peuvent-ils imaginer qu’ils aient assez de conscience pour vouloir avoir une descendance ? Ce serait juste de l’instinct ? Une réponse hormonale incontrôlable ? Pourquoi alors les animaux développent des stratégies des fois très élaborées pour chercher et trouver le bon partenaire. Les sciences optent toujours pour l’explication la plus simple tant que ce n’est pas démontré. C’est une façon de penser qui certes, permet de ne pas s’égarer dans tous les sens, mais qui limitent toujours les chercheurs qui veulent aller plus loin. L’orgasme d’un point de vue évolutif est un bon moyen pour favoriser la reproduction car il incite les individus à répéter l’acte sexuel. Ainsi la probabilité d’avoir des petits augmente. Mais comment la sélection sexuelle explique l’orgasme lorsque celui-ci provient d’une masturbation, comportement très observé chez les primates, puisque apparemment il ne serait dans ce cas-là qu’une recherche pure de plaisir. Ou encore comment expliquer l’orgasme clitoridien vu que celui-ci ne conduit également pas à la reproduction ? Un moyen pour les femelles de tromper les mâles ? Si l’on regarde de plus près une espèce qui a recours au sexe de manière exagérée : les bonobos bien sûr. On voit que le sexe a très très souvent chez eux une fonction totalement différente de la reproduction. Les bonobos se servent du sexe pour vivre le plus en paix possible. Chez eux n’importe quelle excuse est bonne pour une copulation ou des caresses. « Le sexe chez les bonobos possède une fonction essentielle : il évite les bagarres. C’est ce que son brutal cousin le chimpanzé ne sait pas faire. Selon de Waal, il existe deux raisons majeures qui permettent de penser que l’activité sexuelles des bonobos sert d’abord à cimenter le groupe en résolvant les disputes. Tout d’abord, n’importe quelle occupation, qui intéresse plus d’un bonobo à la fois, conduit à un contact sexuel, y compris la recherche de nourriture. […] Deuxièmement, les bonobos pratiquent le sexe dans toutes les situations un tant soit peu agressives. Quand un mâle chasse un rival d’auprès une femelle, les deux concurrents s’abordent et optent pour des caresses de leurs parties génitales. Quand une femelle approche d’une rivale, les deux femelles se touchent et s’embrassent, adoptant vite des étreintes plus précises, vulve contre vulve. » Cet extrait me permet de rebondir sur un autre sujet délicat et plein de mystères : l’homosexualité. L’homosexualité chez les animaux D’un point de vue biologique l’homosexualité chez les animaux n’a pas de sens car encore une fois elle ne permet pas la reproduction. « Voilà bien un autre problème qui perturbe définitivement le néodarwinisme, car en l’absence de succès reproducteur, l’homosexualité pourrait remettre entièrement en question les fondements même de la sélection darwinienne. L’homosexualité a longtemps été considérée comme un tabou en biologie évolutive, ou du moins, les évènements homosexuels ont été regardés comme des anomalies sans intérêt. Pour de nombreux néodarwiniens, l’homosexualité n’est tout simplement pas possible. » Si on regarde le sexe chez les animaux comme un moyen de se reproduire uniquement, encore une fois on se heurte à pas mal de problèmes. Finalement leur sexualité est présente dans pas mal d’aspects de leur vie et est sûrement bien plus complexe que ce que l’on pourrait imaginer. Théorie de la hiérarchie-coopération L’homosexualité aurait la fonction de maintenir la cohésion et la coopération au sein d’un groupe. Chez les mâles elle permettrait des alliances pour élargir leur territoire, se protéger contre d’autres mâles, établir la hiérarchie. Chez les femelles l’homosexualité pourrait avoir un rôle dans la reproduction car il a été observé chez certaines espèces d’oiseaux l’établissement de couples entre femelles qui s’entraident pour assurer les soins de leurs petits. Chez les macaques japonais souvent des femelles arrivent à grimper les échelons en établissant une relation sexuelle avec une femelle plus dominante. Cependant on ne sait pas si ces unions sont créées expressément dans ce but ou si c’est parce que l’union existe déjà qu’elle entraine une élévation sociale. Hypothèse de l’entrainement Cette hypothèse évoque les possibles jeux sexuels chez les jeunes animaux, qui peuvent donc aussi être d’ordre homosexuel, et qui serviraient comme tout jeu, à s’entrainer pour la vie adulte. Hypothèse de l’agression des dominés Chez les éléphants de mer les jeunes mâles qui n’arrivent pas à accéder aux femelles à cause du mâle dominant peuvent se rabattre sur des petits pour évacuer leur frustration. L’issue est souvent fatale pour ces derniers. Alors où est l’intérêt reproducteur dans cette pratique ? Ces incidents n’arriveraient-ils que chez les espèces où les mâles présentent un taux très élevé de testostérone, comme les éléphants de mer ou les taureaux ? Chez le ver parasite Moniliformis dubius ou chez la punaise des lits les mâles « violent » d’autres mâles pour les empêcher de se reproduire. Le ver en éjaculant dans son adversaire lui bouche le canal l’empêchant de pouvoir éjaculer à son tour. La punaise elle, en remplissant le canal de son concurrent avec son propre sperme fécondera à travers lui la prochaine femelle avec qui il copulera. Le monde des invertébrés est tout à la fois fascinant et terrifiant. En résumé on va devoir se creuser la tête encore longtemps pour commencer à comprendre toutes les facettes de ce sujet complexe. Y arrivera-t-on un jour ! Je trouve personnellement que c’est une erreur de parler des animaux en général, chaque espèce est différente et il n’est peut-être pas pertinent de chercher et trouver des règles générales qui s’appliqueraient au règne animal entier ou même a une classe ou une famille en particulier. Mais ceci n’est que mon humble avis. J’espère que cette immersion dans les méandres de la sexualité animale vous aura plu. J’ai essayé, tout en abordant le plus de thèmes possibles, de simplifier au maximum et de suivre un fil conducteur logique pour ne pas vous perdre et j’espère avoir réussi sinon vous auriez déjà abandonné avant de lire ces mots. A bientôt ! :)
Que vous projetiez d’adopter ou que vous en possédiez déjà, vous voulez très certainement vous occuper au mieux de vos cochons d’Inde. Une bonne alimentation est l’un des points importants pour garder ces petits rongeurs en bonne santé. Et vous vous êtes surement déjà posés milles questions auxquelles vous avez trouvé votre réponse… ou pas ! « Quels aliments sont bons, lesquels sont mauvais ? » « A quelle fréquence dois-je nourrir mes cochons d’Inde ? Quelle quantité dois-je donner ?» « Comment choisir mes granulés ? » « Quelles friandises sont appropriées ? » « Suis-je obligé(e) de donner du foin ? » « Pourquoi ont-ils besoin de vitamine C ? » Il existe de nombreux articles sur ce sujet sur Internet, mais certains n’ont pas été mis à jour depuis longtemps, d’autres ne répondent à la question qu’à moitié. J’ai pensé aux futurs ou nouveaux adoptants qui pourraient se perdre parmi toutes les infos grappillées à droite, à gauche. Alors le but de cet article est de réunir en un seul endroit tout ce qui concerne l’alimentation des cochons d’Inde pour proposer une vision claire et complète de ce dont ils ont besoin. Je précise que ces conseils résultent de plusieurs années d’expériences et d’études en lien avec les animaux mais qu’ils ne remplacent en aucun cas une visite chez le vétérinaire. Les aliments essentielsLes aliments qui vont suivre forment la base de l’alimentation des cochons d’Inde et sont à donner quotidiennement. C'est-à-dire TOUS LES JOURS (oui, même le dimanche et les jours fériés). Le foinJe commence par le foin car c’est l’aliment le plus important du menu. Impossible de passer à côté ! Vos cochons d’Inde doivent avoir en continu du foin à disposition. Qu’il faut placer en hauteur dans un râtelier à foin acheté ou fabriqué. Car posé à même le sol il va être souillé par les déjections et l’urine et les cochons d’Inde vont peut-être s’allonger dedans mais ils ne le mangeront pas. Alors certains vont peut-être se dire : « Je mets bien le foin en hauteur mais mes cochons d’Inde le font tomber par terre et ne le mange pas ». Est-ce que vos cochons d’Inde font ça pour vous énerver ou pour vous faire perdre de l’argent ? Absolument pas ! Souvent quand nos animaux font des choses qui nous agacent nous faisons la grosse erreur d’anthropomorphiser leurs intentions. Au contraire il faut essayer de se mettre à leur place et comprendre pourquoi ils le font. Pensez cochon d’Inde ! Il suffit de les observer quelques minutes au moment de la distribution du foin pour comprendre. La plupart des cochons d’Inde ne vont pas aller se jeter sur le premier brin de foin venu. Non, ils vont farfouiller grâce à leur super odorat pour trouver LE brin de foin, le plus nutritif et le plus appétissant. Garder le meilleur pour la fin ? Dites ça à un cochon d’Inde, ou à n’importe quel animal, et il vous rira au nez. Nos animaux domestiques de type proie (dont les cochons d’Inde), bien qu’ils ne soient plus obligés de parcourir de grandes distances pour trouver de la nourriture ou de s’exposer au danger des prédateurs pour se remplir l’estomac, ont néanmoins gardé la stratégie instinctive de manger qualitatif pour survivre. Imaginez-vous en petit cochon d’Inde sauvage au Pérou, votre ventre gargouille, il va vous falloir sortir de votre cachette pour vous nourrir et ne pas mourir, sauf que vous allez devoir vous exposez et rappelons-le vous êtes un délicieux rongeur dodu et sans défenses. A tout moment un aigle peut fondre sur vous et vous lacérer de ses serres pour vous dévorer ou un serpent se glisser discrètement par derrière pour vous avaler tout rond. Alors vous imaginez bien qu’il faut rentabiliser au maximum cette petite sortie. La mission est d’ingérer en priorité les aliments qui vous apporteront le plus de nutriments essentiels à votre métabolisme pour pouvoir espacer au maximum l’heure de la prochaine sortie et augmenter vos chances de survie. Donc la réponse (après cette longue parenthèse) est que vos cochons d’Inde mettent tout le foin par terre parce qu’ils auront fouillé pour trouver des bons brins inexistants. Résultat : votre foin n’est pas de bonne qualité, il va falloir penser à le changer. Comment reconnaitre du bon foin ? Déjà pour ceux qui ne différencient pas le foin (à droite) de la paille (à gauche), sachez que la paille est jaune et composée de grosses tiges creuses. Elle sert de litière et non pas d’aliment car elle ne possède aucune valeur nutritionnelle. J’en profite pour signaler que j’ai déjà vu en animalerie des sachets de « foin » premier prix ressemblant grandement à de la paille. Donc ne vous faites pas avoir ! Préférez du foin de bonne qualité même s’il est plus cher car au final si vous achetez moins cher pour que vos animaux ne le mangent pas, vous l’aurez acheté pour rien. Un foin de bonne qualité pour rongeurs doit être vert, avec des brins fins et longs, et avoir une bonne odeur de foin. Il doit être le moins poussiéreux possible (il est impossible d’avoir du foin sans aucune poussière). Si vous voulez faire plaisir à vos cochons d’Inde vous pouvez varier le foin que vous achetez, il en existe de plusieurs « goûts » différents. Et cela leur évitera de se lasser d’avoir toujours le même. Par exemple le foin de Crau est recommandé car il est composé de plantes très variées mais tout comme le foin de luzerne ils sont très riches en calcium. Le mieux est de leur faire essayer différents foins et vous verrez ceux qu’ils préfèrent. Par exemple les miens préfèrent le foin à la menthe (alors qu’ils n’aiment pas la menthe fraiche) à celui aux pissenlits (alors qu’ils adorent les pissenlits frais). Allez comprendre ! Pourquoi le foin est essentiel ? Les brins de foin contiennent des cristaux de silice ce qui en fait le meilleur aliment pour que vos cochons d’Inde liment leurs dents naturellement. Je le rappelle à ceux qui ne le savent pas, les rongeurs possèdent des dents qui poussent en continu. Si elles ne sont pas régulièrement usées elles peuvent pousser jusqu’à créer des malocclusions dentaires et empêcher votre animal de se nourrir. Encore une fois privilégiez le foin de bonne qualité, ça vous reviendra moins cher que d’aller chez le vétérinaire ! Le foin est aussi un aliment riche en fibres et les cochons d’Inde, comme tous les herbivores, possèdent un long intestin. Ils ont donc grandement besoin de ces fibres qui leur permettent d’avoir un bon transit digestif. Comment conserver le foin ? Le foin perd de sa saveur s’il reste à l’air libre. Il faut le conserver soit dans son emballage d’origine en fermant bien l’ouverture ou dans une boite en plastique fermée. Sinon les cochons d’Inde le trouveront moins appétant et pourront refuser de le manger. Vos cochons d’Inde doivent avoir du foin en continu mais ça ne veut pas dire qu’il faut leur mettre tout le foin dans le râtelier et attendre qu’ils le finissent. Encore une fois du foin qui reste à l’air libre risquera d’être boudé. Le mieux est de leur distribuer par petites portions plusieurs fois dans la journée. la verdureLes cochons d’Inde étant des herbivores, l’herbe est censée constituer leur nourriture principale… sauf qu’il n’est pas toujours possible d’avoir de l’herbe fraiche à disposition. Pour ceux qui possèdent un jardin vous pouvez leur cueillir de l’herbe (qui n’a reçu aucun traitement, ni pesticide) ou encore mieux lâcher vos cochons d’Inde brouter gaiment dans un enclos directement dans le jardin. Et vous en ferez les plus heureux du monde ! Attention cependant à bien ne laisser aucune ouverture à l’enclos pour empêcher un chat ou un autre prédateur de les attaquer. Pour les personnes en appartement il est possible de faire la cueillette pour vos cochons d’Inde mais il faut obligatoirement s’assurer de deux choses :
Je vous avoue que je ne m’y connais pas tant que ça en plantes sauvages donc je vais vous en donner quelques unes dont je suis sûre qu’elles sont non toxiques pour les cochons d’Inde mais vous devrez chercher ailleurs pour avoir une liste plus approfondie. Et si vous êtes fin connaisseur vous pouvez compléter la liste en commentaire, ça m’intéresse grandement ! Plantes sauvages ou des jardins non toxiques : - Avoine (pousses) - Basilic sauvage - Blé (pousses) - Camomille - Capucine - Feuilles et branches de fraisier, framboisier, murier, noisetier, pommier - Fléole des prés - Luzerne (en petite quantité car riche en calcium) - Menthe sauvage - Orties (séchées) - Pissenlit (à ne pas donner aux femelles gestantes) - Trèfle Lorsque l’herbe est bien belle et verte, au printemps ou lorsqu’il pleut en automne, il est possible de diminuer les rations de légumes ou même de ne donner que de l’herbe à certains repas. Les fruits et légumesLes fruits et légumes constituent une belle source de vitamines mais aussi de fibres, pour certains, dont les cochons d’Inde ont besoin quotidiennement. Soyons clairs, si vous ne voulez pas avoir de cochons d’Inde obèses il faut donner des légumes ! Les fruits, contenant beaucoup de sucres, sont à donner de temps en temps en petite quantité. La règle à respecter de façon générale est : plus c’est vert, mieux c’est ! Les cochons d’Inde peuvent manger une grande variété de fruits et légumes (plus que les lapins), donc vous avez le choix ! Cependant chaque cochon d’Inde a évidemment ses préférences et ceux qui n’ont pas été habitués depuis tout petits au goût de certains aliments peuvent ne pas les manger. Si vos cochons d’Inde ne veulent pas manger un légume très bon pour eux, ne vous découragez pas, proposez-leur encore et encore peut-être que ça marchera ! Les cochons d’Inde ont aussi tendance à s’imiter entre eux, si l’un d’eux commence à manger d’un nouvel aliment il y a des chances pour que les autres en fassent de même. Commençons par les aliments toxiques ou très mauvais, à ne jamais donner : - Ail - Asperge - Avocat - Ciboulette - Betterave et fanes - Datte - Fanes de navet - Figue - Fruits secs (pistache, cacahuète, amande, noix, noisette,…) - Laitue - Oignon - Oseille - Pomme de terre - Poireau - Rhubarbe Les légumes que l’on peut donner : - Aubergine - Bourrache - Brocoli (très riche en vitamine C mais provoque des ballonnements en trop grande quantité) - Carotte (à ne pas donner tous les jours) - Céleri branche et rave (tiges et feuilles) - Chou chinois (je n’en achète jamais mais j’ai déjà vu des cochons d’Inde se jeter dessus) - Chou de Bruxelles, Chou-fleur (j’ai lu qu’il ne fallait pas donner les feuilles mais moi je l’ai toujours fait et il n’y a jamais eu de soucis), Chou frisé, Chou vert (comme pour nous peuvent provoquer des ballonnements) - Concombre - Courge - Courgette - Cresson - Endive - Fanes de carottes, fenouil et radis - Fenouil - Feuilles de chêne - Haricots verts - Mâche - Navet (je pense qu’il n’y a pas beaucoup de cochons d’Inde qui aiment) - Panais - Petits pois - Poivron - Potiron - Radis (pareil jamais vu de cochons d’Inde en manger) - Roquette - Rutabaga - Salades (sauf laitue) - Topinambour Les fruits que l’on peut donner : - Abricot - Ananas - Banane (en très petite quantité car fait grossir mais très bon pour les animaux malades) - Canneberge - Cerise - Clémentine - Coing - Fraise - Framboise - Grenade - Groseille - Kaki - Kiwi - Litchi - Mandarine - Mangue - Melon - Mûre - Myrtille - Nectarine - Orange (attention à l’acidité) - Pamplemousse (attention à l’acidité) - Pastèque - Pêche - Poire - Pomme - Prune (peut provoquer des diarrhées) - Raisin - Tomate (et oui c’est un fruit !) Herbes aromatiques que l’on peut donner : - Aneth - Basilic - Coriandre - Menthe - Persil (ne jamais donner aux femelles gestantes, coupe la montée de lait) - Thym Les fruits et légumes doivent être à température ambiante ou un peu frais s’il fait chaud, lavés pour enlever les résidus de pesticides et les saletés et séchés pour ne pas provoquer de diarrhée. Les fruits et légumes ne doivent JAMAIS être donnés après avoir été congelés ou cuits. Il faut faire attention à ne pas donner en trop grande quantité les aliments riches en calcium. Chez le cochon d’Inde cela peut favoriser l’apparition de calculs urinaires qui sont très douloureux et qui peuvent se transformer en infection par la suite. Voici une petite liste des légumes riches en calcium : tous les choux dont le brocoli, le basilic séché, la carotte, le cresson, la coriandre, l’endive, les haricots verts, la mâche, l’oseille, le persil, le pissenlit, la roquette, le thym séché, le topinambour. Les granulésSur la plupart des paquets de granulés, même les meilleurs, vous allez lire : aliment complet, le cochon d’Inde y trouve tout ce dont il a besoin, favorise une bonne usure des dents, blabla… C’est totalement faux ! Que ce soit clair et net les granulés sont des compléments alimentaires, ils ne doivent en aucun cas être exclusifs. Il est même possible de ne pas en donner, c’est à vous de décider. Personnellement cela fait un an que j’ai diminué significativement la portion de granulés, je n’en donne plus qu’un petit fond de gamelle par repas. Je ne les ai pas complètement supprimés car les cochons d’Inde adorent mais je trouve qu’ils aident aussi à leur donner un beau poil et leur apportent les minéraux dont ils ont besoin. Par contre, non, ils n’usent pas les dents des cochons d’Inde, au contraire ! Beaucoup de cochons d’Inde trouvent les granulés plus appétants que le foin donc s’ils sont donnés en libre service ils vont les manger et laisser le foin de côté qui, lui, usent véritablement les dents ! Comment choisir de bons granulés ? Oubliez les mélanges de graines et de céréales vendus en supermarché ou dans certaines animaleries. Les cochons d’Inde sont des herbivores stricts, donc lisez bien les ingrédients sur le paquet et reposez-le dès qu’il est écrit «céréales ». Vous serez surpris d’en trouver même chez des marques réputées être bonnes. Les céréales sont moins chères à produire que les autres aliments c’est pourquoi on en trouve presque partout dans l’alimentation animale, même s’ils n’ont rien à y faire. Si vous voyez écrit « aliment tous rongeurs », n’essayez même pas de comprendre, n’y touchez pas. Chaque espèce a des besoins spécifiques il faut donc choisir des granulés pour cochon d’Inde ! Le mieux est de prendre ce qu’on appelle des « extrudés » qui sont des granulés tous identiques à la composition équivalente. Ainsi vos cochons d’Inde ne pourront pas trier. De bons granulés doivent en grande majorité être composés de plantes, ils peuvent contenir un peu de fruits et certaines graines si elles sont en très très petite quantité (1 ou 2%). Il faut aussi faire attention aux proportions analytiques. De bons granulés pour cochons d’Inde doivent contenir au minimum 20% de fibres pour être bien digérés mais leur taux de calcium doit être bas, de préférence moins de 1%. Les caecotrophesAlors là même pas besoin de se casser la tête les cochons d’Inde en produisent tout seuls ! Ce sont des « crottes » spéciales produites par le caecum (qui est une sorte de cuve de fermentation) qui sont molles et gluantes que le cochon d’Inde va, en général, directement chercher à la sortie ! Elles sont vitales car elles apportent des protéines et des vitamines, essentielles à leur bonne santé, mais qui n’ont pas été assimilés lors d’une première digestion. L' eauLes cochons d’Inde doivent avoir de l’eau fraiche à disposition tout le temps. C’est évident mais mieux vaut le rappeler. Selon la température et ce qu’ils auront mangé, la quantité d’eau bue varie, donc ne vous inquiétez pas si des fois vos cochons d’Inde boivent moins que d’habitude, en hiver par exemple ou après avoir mangé des aliments riches en eau. Mais si vous remarquez qu’un de vos cochons d’Inde n’a pas bu pendant un jour ou plus ou qu’au contraire il boit sans s’arrêter compulsivement, il faut commencer à s’inquiéter. Vérifiez si votre cochon d’Inde mange normalement, s’il n’est pas affaibli, s’il n’a pas mal quelque part et appelez votre vétérinaire. Gamelle ou biberon ? Il existe deux écoles concernant l’eau pour les rongeurs : la gamelloise et la biberonnaise… Souvent en désaccord. La gamelloise s’énerve des fois sur la biberonnaise car elle trouve que ce n’est pas une façon de boire naturelle pour les cochons d’Inde et que ça peut leur créer des problèmes au niveau du cou. La biberonnaise s’exaspère de la gamelloise car elle trouve qu’une eau aromatisée aux crottes et à la poussière n’est pas très hygiénique. En fait personne ne gagnera ce combat et je ne peux que vous conseiller de choisir ce qui vous convient le mieux à vous et vos cochons d’Inde. Personnellement j’utilise un biberon parce qu’avec mes cochons d’Inde une gamelle d’eau se retrouve très vite retournée et l’enclos inondé. De plus je trouve qu’un biberon est beaucoup plus hygiénique et qu’il est facile de surveiller la quantité d’eau bue. Il ne faut juste pas le placer trop haut pour que vos cochons d’Inde ne se tordent pas le cou à l’atteindre. Une fois par semaine vous pouvez le nettoyer avec une brosse à biberon classique pour enlever d’éventuelles algues qui se seraient formées, mais uniquement avec de l’eau. Et n’oubliez pas la tige, où la crasse s’accumule aussi, mais que vous pouvez facilement enlever en insérant un coton-tige à l’intérieur. Par contre si vous optez pour la gamelle il faut la nettoyer et changer l’eau tous les jours, et même deux fois par jour si l’eau est trop sale. Si vos cochons d’Inde sont en extérieur l’hiver il faudra faire attention à ce qu’ils ne trempent pas dedans ou ne renversent pas sur leur litière, ça pourrait leur être fatal. Il existe des gamelles que l’on peut fixer aux barreaux et du coup non renversables mais qui ne sont pas adaptées à tous les habitats. Par exemple elles ne conviennent pas pour les cages car elles doivent être fixées au dessus du bac et ce sera trop haut pour les cochons d’Inde. Par contre dans un enclos avec un mur grillagé elles peuvent être fixées juste au niveau du sol. La vitamine CLes cochons d’Inde, comme les grands primates, dont l’humain, de nombreuses espèces de chauves-souris et quelques espèces de poissons et d’oiseaux ne peuvent synthétiser la vitamine C. Alors que la grande majorité des mammifères a la capacité de la synthétiser dans le foie ou les reins, on parle alors d’acide ascorbique (puisqu’ils la synthétisent ça ne peut être considéré comme une vitamine pour eux). Pourquoi les primates et les cochons d’Inde sont-ils mis au même plan au niveau de cette spécificité biologique ? Quel est l’intérêt évolutif pour ces espèces d’avoir perdu cette capacité de synthétisation ? Et bien, je n’en sais rien ! Mais c’est un sujet de recherche intéressant en biologie évolutive. La vitamine C est utile à la synthèse du collagène et des globules rouges. Elle participe également au bon fonctionnement du système immunitaire. C’est aussi un « antioxydant », pour expliquer simplement, ça veut dire qu’elle empêche la destruction des cellules du corps. Où trouver de la vitamine C ? Dans leur alimentation ! De nombreux fruits et légumes sont riches en vitamine C et peuvent combler les besoins journaliers des cochons d’Inde. Il faut essayer de leur en donner tous les jours. Liste des aliments comestibles pour les cochons d’Inde riches en vitamine C (à peu près du plus riche au moins riche) : - Ortie - Feuilles de fraisier - Goyave - Cassis - Persil - Poivron rouge - Herbes aromatiques - Poivron vert et jaune - Litchi - Fraise - Kiwi - Cresson - Groseille - Orange - Cerise - Pastèque - Fenouil - Pissenlit - Brocoli Je sais bien que ce n’est pas toujours facile, car certains fruits et légumes ne sont disponibles qu’à certaines saisons ou alors ces fruits et légumes sont justement ceux que vos cochons d’Inde n’aiment pas ! Dans ces cas-là il faut leur donner un supplément en vitamine C que l’on peut acheter soit sous forme liquide, soit en petits comprimés. Personnellement je n’ai jamais testé les comprimés mais on m’a rapporté que la plupart des cochons d’Inde les mangeaient sans problème. Concernant la vitamine C liquide là encore, certains cochons d’Inde adorent et d’autres détestent ! Pas d’autre choix que de les forcer à boire pour ces derniers. Comment administrer les suppléments en vitamine C ? La vitamine C est une molécule qui ne résiste pas à la lumière, donc oubliez tout de suite les recommandations sur les packagings qui vous conseillent d’en mettre dans l’eau de boisson. Premièrement, c’est absurde car pour que le cochon d’Inde ait sa dose il faudrait qu’il boive toute sa gamelle ou son biberon. Deuxièmement, l’ajouter dans l’eau de la gamelle à l’air libre ou dans un biberon transparent ne sert absolument à rien car elle sera automatiquement détruite en quelques heures par l’air et la lumière. Troisièmement, essayez de mettre de la vitamine C dans le biberon et vous verrez qu’un dépôt gluant va vite se déposer sur les parois et laisser une mauvaise odeur. Bref, la meilleure solution est de la donner directement, non diluée, à la pipette (1mL). Pour les cochons d’Inde qui n’aiment pas vous pouvez les forcer en les posant sur vos genoux et plaquer leur dos contre votre torse en relevant leurs pattes avant avec votre main. Si le cochon d’Inde serre les dents, vous pouvez introduire la pipette dans sa bouche sur le côté, derrière ses dents de devant il y a un espace vide. Versez-lui petit à petit en s’assurant qu’il avale bien et qu’il ne s’étouffe pas. Félicitez-le et récompensez-le tout de suite après avec une friandise il finira peut-être par associer la vitamine C a quelque chose de plaisant. On recommande souvent de donner 1 mL/jour pour les cochons d’Inde adultes en bonne santé. Personnellement je n’en donne que deux fois par semaine à mes cochons d’Inde, ce que mon vétérinaire NAC a approuvé. Donc 2x1mL/semaine car je sais que je leur en apporte quasiment chaque jour à travers les légumes frais et ils vont très bien. Mais si vous avez un doute par rapport à l’alimentation que vous leur donnez vous pouvez leur faire boire une pipette tous les jours ça ne leur fera jamais de mal ! Par contre pour les bébés/jeunes cochons d’Inde, femelles gestantes et allaitantes, et les adultes malades, là il faut bien leur en donner tous les jours. Pour les quantités, dans ces cas-là, je vous laisse vous tourner vers votre vétérinaire NAC. Qu’arrive-t-il en cas de carence en vitamine C ? Un cochon d’Inde carencé en vitamine C développe une maladie appelée « scorbut ». Chez le jeune cochon d’Inde on note rapidement des douleurs articulaires, puisque le collagène n’est pas synthétisé correctement, et une paralysie des pattes arrières ou de l’arrière-train entier. Ces symptômes entrainent rapidement la mort. Et chez les cochons d’Inde de tout âge, on observe des individus très faibles, apathiques et anorexiques, qui ne se nourrissent plus. Les articulations peuvent se déformer et se gonfler. Il peut y avoir apparition de troubles urinaires, de diarrhées. Le système immunitaire est gravement fragilisé donc les cicatrisations se font mal, et les maladies infectieuses ont le champ libre : pododermites, dermites, malocclusions, hémorragies des gencives, etc… Vous l’aurez compris, les conséquences de la carence sont très graves, donc l’apport en vitamine C, que ce soit à travers les produits frais ou en supplément, est OBLIGATOIRE. Les friandisesQue ce soit pour les familiariser, leurs apprendre des tours ou tout simplement leur faire plaisir il est toujours intéressant d’avoir des friandises… mais pas n’importe lesquelles ! Tous les propriétaires de cochons d’Inde savent à quel point ces petits animaux sont gourmands et en général il ne faut pas chercher bien loin pour trouver des friandises qui font l’affaire. Des petits morceaux de fruits très appétants qu’ils n’ont pas l’habitude de manger, comme des fraises, des framboises, du raisin, des cerises, ou encore plus commun ; des morceaux de pomme ou de banane les raviront tout autant ! Les friandises séchées fonctionnent aussi extrêmement bien. Ce sont des fruits, des légumes, des herbes séchées à basse température pour garder leurs vitamines et leurs saveurs et qui, débarrassés de leur eau, se conservent très longtemps. Les cochons d’Inde en raffolent ! Vous pouvez vous en procurer en animalerie, sur des sites internet ou même dans le commerce pour les humains, si vous vous assurez qu’ils sont sans additifs, sans agents de conservation et sans sucres ajoutés. Vous pouvez aussi les fabriquer chez vous si vous possédez un déshydrateur et que vous savez l’utiliser ! Pour avoir déjà essayé, c’est très long et on peut se louper si on ne maitrise pas bien. Et enfin il y a les friandises industrielles. Si vous ne devez en retenir qu’une c’est le flocon de pois ! C’est la friandise que j’utilise le plus. Ca ne coûte presque rien, c’est naturel, ça se conserve très facilement et longtemps et les cochons d’Inde adore (je me demande s’ils y trouvent vraiment un bon goût ou c’est juste le fait que ce soit croustillant…). Il existe de plus de plus de friandises industrielles de goûts et de formes très diverses et variées mais néanmoins 100% naturelles. N’achetez que celles-là et vérifiez toujours la composition et pour quelles espèces c’est destiné. Des fois il y a une photo regroupant tous les rongeurs sur le devant du paquet et puis en lisant bien derrière vous pouvez retrouver en tout petit : Ne convient pas à tel ou tel animal. Donc toujours vérifier. Quelle fréquence de nourrissage ? Quelle quantité ? Tout d’abord, si vous êtes débutants en cochons d’Inde ne faites pas l’erreur qu’on a tous fait de les nourrir à des heures irrégulières ! C’est une question de vie ou de mort ! Je m’explique : les cochons d’Inde ont une ouïe très développée (très), et ils sont très gourmands (très très). Le résultat de cette équation fait qu’ils vont associer très vite un bruit à l’arrivée de nourriture. Si vous ouvrez toujours le frigo quelques minutes avant de leur donner à manger ils couineront dès qu’ils entendront la porte du frigo, si vous conservez leur nourriture dans un sachet, n’importe quel bruit de sachet les fera couiner, pareil pour les boites, le bruit d’ouverture les fera couiner. Bref ils associeront ces sons à la nourriture (comme avec le chien de Pavlov, c’est du conditionnement). Sauf que ! Ils sont plus rusés qu’on ne le croit. Une fois qu’ils ont fait ce rapprochement son/nourriture ils vont couiner vraiment A CHAQUE FOIS qu’ils entendront le bruit, même si vous ouvrez la porte du frigo pour vous prendre un yaourt ou que vous ouvrez un paquet de chips. Si vous cédez et que vous leur donner à manger à chaque fois qu’ils couinent vous allez finir par vouloir les étrangler ou vous arracher les cheveux (je l’ai dit c’est une question de vie ou de mort). Certains cochons d’Inde peuvent même aller plus loin et se mettre à couiner absolument toutes les fois où vous passez à côté d’eux. La seule solution est de ne pas céder dès le début. Déterminez des horaires plus ou moins précis pour les nourrir et n’y dérogez pas. Même s’ils vous supplient, il ne faut pas céder ! Pour ma part je les nourris deux fois par jour, une fois vers 9h-10h et une deuxième fois vers 18h-19h et ils l’ont très vite compris, ils ne demandent jamais de nourriture en dehors de ces heures-là. Par contre ce qui est marrant, ils doivent avoir une horloge interne un minimum développée, c’est qu’ils demandent à manger exactement à ces heures-là ! Je les ai aussi habitués à faire un petit bruit avec ma bouche juste avant de leur donner à manger, dès que je le fais ils rappliquent à toute allure ! Essayez c’est très drôle, avec n’importe quel son tant que c’est le même à chaque fois. Pour ce qui est de la fréquence, il faut nourrir vos cochons d’Inde au minimum deux fois dans la journée. Ce sont des animaux qui ont besoin de manger presque continuellement, leur système digestif ne doit pas s’arrêter de fonctionner donc ils doivent toujours avoir de la nourriture à disposition. Pour ce qui est de la quantité je ne vais pas vous donner de mesures précises je n’ai jamais pesé ce que je leur donne. Et puis tout dépend de combien de cochons d’Inde vous avez et de leur appétit respectif. Je parle là des fruits et légumes, car le foin est à volonté et les granulés ne sont qu’un complément. Un exemple de repas que je donne pour mes 3 cochons d’Inde pour que vous puissiez visualiser un peu la quantité : 4 feuilles de salade, ½ courgette, 1 petit poivron. Donc deux fois cette quantité dans la journée. Cette quantité je l’ai déterminé au fur et à mesures des repas donnés. C’est à vous de trouver la bonne quantité pour vos cochons d’Inde. S’il reste des légumes immangés pendant plus d’1/2 journée c’est qu’il y en a trop, si par contre en quelques minutes il ne reste plus rien et que vos cochons d’Inde réclament c’est qu’il n’y en a pas assez. A vous de voir ! Les aliments à bannir totalementIl existe des idées reçues, des aliments vendus dans les animaleries ou des aliments que donnaient nos grands-parents qui sont en fait totalement inadaptés aux cochons d’Inde. Le painLe pain dur recommandé par nos chers grands-parents est très mauvais et dangereux pour les cochons d’Inde comme pour tous les herbivores. Déjà le pain contient des céréales qui ne rentrent pas dans l’alimentation du cochon d’Inde. Mais surtout de la levure ! Les estomacs des herbivores, que ce soit cochon d’Inde, lapin, chèvre, vache, etc, ont la tendance à accumuler des gaz en temps normal donc imaginez rajouter de la levure ! Et le pain contient aussi du sel mauvais pour tout les animaux. Les pommes de terreElles ne font pas partie des aliments à donner pour les cochons d’Inde, comme les lapins. Même s’ils en mangent si on leur propose, les pommes de terre sont trop riches en amidon et toxiques pour eux. Les friandises transforméesOn trouve en animalerie un nombre incroyable de friandises très mauvaises pour nos animaux. De façon générale évitez tout ce qui est trop transformé et préférez les produits naturels. Les bâtons de graines Comme leur nom l’indique ils sont fait avec des graines, les cochons d’Inde ne sont pas des canaris. Et les graines sont maintenues entre elles au mieux avec du miel au pire avec du sucre. Dans tous les cas elles sont complètement inadaptées (oui même si vos cochons d’Inde adorent). Il existe par contre dans le même style des bâtonnets fait avec des herbes compactées qui conviennent plus. Les biscuits La tête que j’ai fait quand j’ai découvert que des biscuits pour cochons d’Inde étaient vendus, encore pire quand j’ai vu la composition ! On peut y trouver du miel, du sucre, du lait ! des œufs ! selon les marques. Et faites attention car sur internet certaines personnes donnent des recettes de friandises maison avec ces mêmes ingrédients. C’est simple pourtant, le lait et les œufs sont d’origines animales et les cochons d’Inde sont des herbivores, faut-il rappeler la définition d’herbivore ? Les pop corn Sans vouloir dire de bêtises les pop corn sont des friandises pour hamsters, rats et souris normalement, sauf qu’on ne le précise pas toujours sur les emballages où on retrouve toujours la photo de toutes les espèces de rongeurs. Les bonbons Au rayon friandises on tombe aussi sur des « bonbons » de toutes les couleurs et formes, qui peuvent contenir des aromes et colorants artificiels et du sucre. Encore une fois à éviter. Les pierres minéralesC’est encore un mystère pour moi de retrouver ces pierres en animalerie et des fois incluses dans des cages pour rongeurs. Les cochons d’Inde n’en ont absolument pas besoin ! Elles sont même dangereuses si vos animaux en lèchent en trop grande quantité et la croyance selon laquelle ils usent leurs dents avec est erronée. Voilà je pense avoir fait le tour de tout ce qu’il faut connaitre pour bien nourrir ses cochons d’Inde. J’espère qu’il vous aura servi. S’il manque des choses ou que vous avez des questions n’hésitez pas à me le notifier en commentaires. A bientôt ! :) Pour ce tout premier article j’ai choisi de vous faire la critique d’un livre sur la médiation animale, plus précisément sur le livre Zoothérapie : le pouvoir thérapeutique des animaux de José Sarica, sorti en 2017. Pourquoi ce livre ? Ce livre assez court est écrit dans un style simple et sympathique, il explique les bases de la médiation animale mais c’est avant tout un récit de vie particulièrement passionnant. L’auteur raconte son expérience très personnelle et profonde de la médiation animale depuis son enfance jusqu’à aujourd’hui. Je trouve donc qu’il fait un très bon premier livre pour ceux qui s’intéressent au sujet mais qui débutent. Et je vous conseille donc de le lire avant de vous attaquer à des ouvrages plus complexes. Car c’est un livre avant tout très touchant et comme l’auteur et, je pense, la plupart des intervenants en médiation animale, c’est notre affection pour les animaux qui a motivé nos choix professionnels. Pour devenir intervenant en médiation animale il faut avoir ressenti ce sentiment très fort que nous procure la présence d’un animal mais aussi avoir envie de le partager. Certains, comme l’auteur, l’ont crié haut et fort très tôt : « Je veux travailler avec les orques et les enfants malades ! », d’autres, comme moi, le scandaient plus timidement dans leur cœur. Qui est José Sarica ? José Sarica est un intervenant en médiation animale, ou comme il le dit lui, un zoothérapeute. Il me semble important ici d’apporter quelques précisions. Bien que l’auteur soit français, il a fait ses études et sa formation au Québec où la médiation animale est appelée zoothérapie. C’est d’ailleurs avec ce terme zoothérapie que cette discipline est arrivée en France. Cependant le mot gêne dans notre pays et il est aujourd’hui de moins en moins utilisé. Car la médiation animale, bien qu’elle ait des effets thérapeutiques, n’est pas une thérapie. D’ailleurs l’auteur évoque la possibilité, qu’en France mais aussi en Belgique, où on parle plutôt d’Activités Assistées par l’Animal (AAA), le mot zoothérapie aurait désavantagé une bonne implantation de la discipline dans ces pays. Comme le métier n’est toujours pas réglementé chacun utilise le terme qu’il veut mais pour ma part je préfère utiliser celui de médiation animale et laisser le terme de zoothérapie aux thérapeutes (psychologues, psychiatres, médecins, …) qui introduisent l’animal dans leurs programmes thérapeutiques. Je ferme cette petite parenthèse et je reprends ! José Sarica est un passionné de mammifères marins, il a donc fait des études et une thèse en biologie marine mais son grand rêve est d’aider les personnes en difficulté grâce aux animaux et il arrive à le concrétiser lorsqu’il tombe sur la publicité d’une formation de médiation animale au Québec. Après avoir suivi la formation qui dure deux ans (les canadiens ne blaguent pas ! j’avoue être un peu jalouse) avec son bichon maltais Chico, José Sarica est prêt à venir en aide aux personnes fragilisées. Dans son livre il nous offre plusieurs témoignages (que je ne vais pas tous vous spoiler), dont sa toute première intervention avec une petite fille atteinte de TSA (Trouble du Spectre Autistique) qui m’a vraiment émue. Mélissa a 4 ans et n’a jamais parlé. Elle n’a jamais de contact visuel avec les autres mais dès qu’elle aperçoit Chico elle n’a d’yeux que pour lui ! Hyperactive, elle fonce sur le petit chien en criant. José qui ne veut pas que son chien garde un mauvais souvenir de cette première expérience décide de canaliser l’énergie débordante de la petite fille en lançant la balle à Chico. Mélissa suit le chien dans ses allers-retours entre la balle et son maître. Ses cris du début se sont transformés en rires. Au bout de 40 minutes, Chico, fatigué, vient s’allonger aux côtés de José. Mélissa l’imite et le premier miracle s’opère : la petite fille regarde José droit dans les yeux et il sent pour la première fois depuis le début que Mélissa est bien présente avec lui : « Et lorsque Chico s’allonge, elle l’imite. Pour me mettre à sa portée, je m’allonge à mon tour. Et là, on se regarde droit dans les yeux. C’est mon tout premier contact visuel avec la fillette. […] J’ai l’impression que le temps s’est arrêté. Son regard m’émeut : elle est enfin avec moi dans l’ici et maintenant. » - José Sarica, 2017 Immédiatement après, au grand étonnement de José, Mélissa se lève, lance la balle et dit « Chico, va chercher ! » Le père de Mélissa qui assistait à la séance ne peut contenir ses larmes : « Je n’ai pas le temps de réaliser ce qui se passe, à peine relevé, son père, submergé par l’émotion, entre spontanément dans la pièce en pleurant. Il vient d’entendre parler sa fille pour la première fois depuis sa naissance. » - José Sarica, 2017 Pour être arrivé à réaliser une séance aussi réussie, l’auteur connaissait non seulement les symptômes et les comportements que l’on peut retrouver dans l’autisme mais s’était aussi informé personnellement sur Mélissa. Et encore, ces connaissances n’auraient servi à rien s’il ne connaissait pas parfaitement son chien et n’avait pas confiance en lui. Cela me permet de parler de la relation triangulaire, qui est la base de la pratique de la médiation animale. Ce terme définit par Véronique Servais, évoque la relation entre les trois acteurs de la relation d’aide lors d’une séance de médiation animale : l’intervenant (et son binôme le référent), le bénéficiaire, et l’animal. Je définis plus en détails cette relation dans ma page : Médiation animale. Il est donc essentiel pour un intervenant d’avoir cette double compétence de connaitre à la fois les publics avec lesquels il travaille mais aussi le comportement de ses animaux. Le bien-être de l’un ne doit pas se faire au détriment de l’autre. Peut-on faire de la médiation animale avec les animaux sauvages ? José Sarica avait pour rêve de faire de la médiation avec les orques qui le passionnent. Durant son parcours il a l’opportunité de faire un stage au Dolphin Reef Eilat en Israël, qui est un centre de delphinothérapie. Très excité par cette nouvelle opportunité il va cependant vite se rendre compte qu’il n’a pas l’expérience nécessaire pour travailler avec les dauphins et que son chien lui suffit. Lors de son séjour au centre il remarque que plusieurs enfants sont intimidés ou ont peur de ces cétacés. Grâce à Chico il va les aider à surmonter leur peur et à mieux profiter de leur thérapie avec les dauphins. La delphinothérapie donne de merveilleux résultats pour ses bénéficiaires mais à quel prix ? Je suis personnellement contre la détention de mammifères marins dans des bassins artificiels toujours trop petits et inadaptés. Les dauphins d’Eilat sont cependant détenus dans un bassin directement placé dans la mer ce qui est un moindre mal, mais n’y étant jamais allée je ne vais pas me prononcer plus que ça. En tout cas je crois sincèrement au pouvoir thérapeutique des animaux peu importe l’espèce, et selon moi oui il est possible de faire de la médiation animale avec les animaux sauvages ! Mais attention, pas de la manière traditionnelle que l’on connait, non. La seule médiation animale avec des animaux sauvages possible à mon sens est avec des animaux non captifs dans leur milieu naturel. Et c’est ce que va découvrir José Sarica. La médiation animale « grandeur nature » Après trois ans en tant que zoothérapeute José Sarica trouve un travail comme naturaliste et spécialiste des mammifères marins à bord d’un bateau de croisière en Antarctique. Dans une escale aux îles Malouines il parle de la rencontre avec une colonie de manchots : « Même si on ne peut pas toucher les animaux, le spectacle offert est puissant. Une colonie de plusieurs milliers de manchots, c’est hallucinant à regarder, à entendre et à sentir ! Force est de constater que la communication est immédiate entre les passagers, qui voyagent certes ensemble, sur le même bateau, mais qui ne se connaissaient pas avant d’embarquer. Ce sont les manchots, qui nous acceptent en toute confiance et qui déclenchent quelque chose d’inhabituel, qui créent un lien entre les personnes. Les yeux brillent d’émotion. Cette première évaluation de terrain, complètement improbable, va me démontrer dans un avenir très proche que la zoothérapie peut se pratiquer autrement et à une autre échelle. » - José Sarica, 2017 Même dans leur milieu naturel les animaux arrivent à être des facilitateurs sociaux. Il n’y a pas toujours besoin de toucher pour trouver de la satisfaction avec un animal. Lors d’une promenade en forêt, apercevoir pendant quelques secondes un chevreuil ou une belette, tomber sur les magnifiques couleurs d’un martin pêcheur ou même d’une libellule, ou reconnaitre le chant d’un oiseau peut provoquer une vive joie, un apaisement, une excitation ! La rareté et la brièveté d’un moment peuvent faire sa beauté il faut juste avoir conscience de la chance qu’on a pendant ces moments-là. En conclusion J’ai trouvé beaucoup de plaisir à lire ce livre et j’espère vous avoir donné envie d’en faire de même ! Il se lit très facilement et c’est une bonne introduction pour découvrir la médiation animale. On sent la passion de l’auteur tout au long du livre et il trouve toujours les bons mots pour nous partager son ressenti lors de ses différentes expériences. Son parcours est tellement riche et intéressant, il nous montre bien qu’une forte motivation peut venir à bout de tout ! N’hésitez pas à répondre au sondage ou à me faire vos retours en commentaires ou par messages ! Pour ceux qui ont déjà lu le livre j’aimerais beaucoup avoir votre point de vue et pour ceux qui ne l’ont pas déjà lu dites-nous si ma petite critique vous a donné envie de le faire ! A très bientôt ! :) |
AuteurNour Babaali Archives
Août 2022
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