Pour ce tout premier article j’ai choisi de vous faire la critique d’un livre sur la médiation animale, plus précisément sur le livre Zoothérapie : le pouvoir thérapeutique des animaux de José Sarica, sorti en 2017. Pourquoi ce livre ? Ce livre assez court est écrit dans un style simple et sympathique, il explique les bases de la médiation animale mais c’est avant tout un récit de vie particulièrement passionnant. L’auteur raconte son expérience très personnelle et profonde de la médiation animale depuis son enfance jusqu’à aujourd’hui. Je trouve donc qu’il fait un très bon premier livre pour ceux qui s’intéressent au sujet mais qui débutent. Et je vous conseille donc de le lire avant de vous attaquer à des ouvrages plus complexes. Car c’est un livre avant tout très touchant et comme l’auteur et, je pense, la plupart des intervenants en médiation animale, c’est notre affection pour les animaux qui a motivé nos choix professionnels. Pour devenir intervenant en médiation animale il faut avoir ressenti ce sentiment très fort que nous procure la présence d’un animal mais aussi avoir envie de le partager. Certains, comme l’auteur, l’ont crié haut et fort très tôt : « Je veux travailler avec les orques et les enfants malades ! », d’autres, comme moi, le scandaient plus timidement dans leur cœur. Qui est José Sarica ? José Sarica est un intervenant en médiation animale, ou comme il le dit lui, un zoothérapeute. Il me semble important ici d’apporter quelques précisions. Bien que l’auteur soit français, il a fait ses études et sa formation au Québec où la médiation animale est appelée zoothérapie. C’est d’ailleurs avec ce terme zoothérapie que cette discipline est arrivée en France. Cependant le mot gêne dans notre pays et il est aujourd’hui de moins en moins utilisé. Car la médiation animale, bien qu’elle ait des effets thérapeutiques, n’est pas une thérapie. D’ailleurs l’auteur évoque la possibilité, qu’en France mais aussi en Belgique, où on parle plutôt d’Activités Assistées par l’Animal (AAA), le mot zoothérapie aurait désavantagé une bonne implantation de la discipline dans ces pays. Comme le métier n’est toujours pas réglementé chacun utilise le terme qu’il veut mais pour ma part je préfère utiliser celui de médiation animale et laisser le terme de zoothérapie aux thérapeutes (psychologues, psychiatres, médecins, …) qui introduisent l’animal dans leurs programmes thérapeutiques. Je ferme cette petite parenthèse et je reprends ! José Sarica est un passionné de mammifères marins, il a donc fait des études et une thèse en biologie marine mais son grand rêve est d’aider les personnes en difficulté grâce aux animaux et il arrive à le concrétiser lorsqu’il tombe sur la publicité d’une formation de médiation animale au Québec. Après avoir suivi la formation qui dure deux ans (les canadiens ne blaguent pas ! j’avoue être un peu jalouse) avec son bichon maltais Chico, José Sarica est prêt à venir en aide aux personnes fragilisées. Dans son livre il nous offre plusieurs témoignages (que je ne vais pas tous vous spoiler), dont sa toute première intervention avec une petite fille atteinte de TSA (Trouble du Spectre Autistique) qui m’a vraiment émue. Mélissa a 4 ans et n’a jamais parlé. Elle n’a jamais de contact visuel avec les autres mais dès qu’elle aperçoit Chico elle n’a d’yeux que pour lui ! Hyperactive, elle fonce sur le petit chien en criant. José qui ne veut pas que son chien garde un mauvais souvenir de cette première expérience décide de canaliser l’énergie débordante de la petite fille en lançant la balle à Chico. Mélissa suit le chien dans ses allers-retours entre la balle et son maître. Ses cris du début se sont transformés en rires. Au bout de 40 minutes, Chico, fatigué, vient s’allonger aux côtés de José. Mélissa l’imite et le premier miracle s’opère : la petite fille regarde José droit dans les yeux et il sent pour la première fois depuis le début que Mélissa est bien présente avec lui : « Et lorsque Chico s’allonge, elle l’imite. Pour me mettre à sa portée, je m’allonge à mon tour. Et là, on se regarde droit dans les yeux. C’est mon tout premier contact visuel avec la fillette. […] J’ai l’impression que le temps s’est arrêté. Son regard m’émeut : elle est enfin avec moi dans l’ici et maintenant. » - José Sarica, 2017 Immédiatement après, au grand étonnement de José, Mélissa se lève, lance la balle et dit « Chico, va chercher ! » Le père de Mélissa qui assistait à la séance ne peut contenir ses larmes : « Je n’ai pas le temps de réaliser ce qui se passe, à peine relevé, son père, submergé par l’émotion, entre spontanément dans la pièce en pleurant. Il vient d’entendre parler sa fille pour la première fois depuis sa naissance. » - José Sarica, 2017 Pour être arrivé à réaliser une séance aussi réussie, l’auteur connaissait non seulement les symptômes et les comportements que l’on peut retrouver dans l’autisme mais s’était aussi informé personnellement sur Mélissa. Et encore, ces connaissances n’auraient servi à rien s’il ne connaissait pas parfaitement son chien et n’avait pas confiance en lui. Cela me permet de parler de la relation triangulaire, qui est la base de la pratique de la médiation animale. Ce terme définit par Véronique Servais, évoque la relation entre les trois acteurs de la relation d’aide lors d’une séance de médiation animale : l’intervenant (et son binôme le référent), le bénéficiaire, et l’animal. Je définis plus en détails cette relation dans ma page : Médiation animale. Il est donc essentiel pour un intervenant d’avoir cette double compétence de connaitre à la fois les publics avec lesquels il travaille mais aussi le comportement de ses animaux. Le bien-être de l’un ne doit pas se faire au détriment de l’autre. Peut-on faire de la médiation animale avec les animaux sauvages ? José Sarica avait pour rêve de faire de la médiation avec les orques qui le passionnent. Durant son parcours il a l’opportunité de faire un stage au Dolphin Reef Eilat en Israël, qui est un centre de delphinothérapie. Très excité par cette nouvelle opportunité il va cependant vite se rendre compte qu’il n’a pas l’expérience nécessaire pour travailler avec les dauphins et que son chien lui suffit. Lors de son séjour au centre il remarque que plusieurs enfants sont intimidés ou ont peur de ces cétacés. Grâce à Chico il va les aider à surmonter leur peur et à mieux profiter de leur thérapie avec les dauphins. La delphinothérapie donne de merveilleux résultats pour ses bénéficiaires mais à quel prix ? Je suis personnellement contre la détention de mammifères marins dans des bassins artificiels toujours trop petits et inadaptés. Les dauphins d’Eilat sont cependant détenus dans un bassin directement placé dans la mer ce qui est un moindre mal, mais n’y étant jamais allée je ne vais pas me prononcer plus que ça. En tout cas je crois sincèrement au pouvoir thérapeutique des animaux peu importe l’espèce, et selon moi oui il est possible de faire de la médiation animale avec les animaux sauvages ! Mais attention, pas de la manière traditionnelle que l’on connait, non. La seule médiation animale avec des animaux sauvages possible à mon sens est avec des animaux non captifs dans leur milieu naturel. Et c’est ce que va découvrir José Sarica. La médiation animale « grandeur nature » Après trois ans en tant que zoothérapeute José Sarica trouve un travail comme naturaliste et spécialiste des mammifères marins à bord d’un bateau de croisière en Antarctique. Dans une escale aux îles Malouines il parle de la rencontre avec une colonie de manchots : « Même si on ne peut pas toucher les animaux, le spectacle offert est puissant. Une colonie de plusieurs milliers de manchots, c’est hallucinant à regarder, à entendre et à sentir ! Force est de constater que la communication est immédiate entre les passagers, qui voyagent certes ensemble, sur le même bateau, mais qui ne se connaissaient pas avant d’embarquer. Ce sont les manchots, qui nous acceptent en toute confiance et qui déclenchent quelque chose d’inhabituel, qui créent un lien entre les personnes. Les yeux brillent d’émotion. Cette première évaluation de terrain, complètement improbable, va me démontrer dans un avenir très proche que la zoothérapie peut se pratiquer autrement et à une autre échelle. » - José Sarica, 2017 Même dans leur milieu naturel les animaux arrivent à être des facilitateurs sociaux. Il n’y a pas toujours besoin de toucher pour trouver de la satisfaction avec un animal. Lors d’une promenade en forêt, apercevoir pendant quelques secondes un chevreuil ou une belette, tomber sur les magnifiques couleurs d’un martin pêcheur ou même d’une libellule, ou reconnaitre le chant d’un oiseau peut provoquer une vive joie, un apaisement, une excitation ! La rareté et la brièveté d’un moment peuvent faire sa beauté il faut juste avoir conscience de la chance qu’on a pendant ces moments-là. En conclusion J’ai trouvé beaucoup de plaisir à lire ce livre et j’espère vous avoir donné envie d’en faire de même ! Il se lit très facilement et c’est une bonne introduction pour découvrir la médiation animale. On sent la passion de l’auteur tout au long du livre et il trouve toujours les bons mots pour nous partager son ressenti lors de ses différentes expériences. Son parcours est tellement riche et intéressant, il nous montre bien qu’une forte motivation peut venir à bout de tout ! N’hésitez pas à répondre au sondage ou à me faire vos retours en commentaires ou par messages ! Pour ceux qui ont déjà lu le livre j’aimerais beaucoup avoir votre point de vue et pour ceux qui ne l’ont pas déjà lu dites-nous si ma petite critique vous a donné envie de le faire ! A très bientôt ! :)
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AuteurNour Babaali Archives
Août 2022
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