Se former pour faire de la médiation animalePour résumer en une phrase ce dont a besoin un intervenant en médiation animale, c’est la fameuse DOUBLE CASQUETTE ! Pour exercer ce métier il faut avoir autant de connaissances sur les publics pour lesquels sont destinées les séances que sur les animaux avec lesquels on travaille. On ne peut tout simplement pas faire l’impasse sur l’un ou l’autre. Voyons plus concrètement pourquoi : Connaissances des publics visésLorsque l’on fait de la médiation animale à visée thérapeutique ou de la zoothérapie (j’utilise personnellement ces deux termes pour deux pratiques distinctes, comme je l’explique ici) nous sommes face à des publics fragiles qui ont des besoins et des capacités qui peuvent se rejoindre ou être complétement différents. Une connaissance des publics que l’on vise est essentielle pour que nos séances ne soient pas inutiles, voire, néfastes. Une personne âgée n’aura pas les mêmes besoins qu’une personne avec un polyhandicap, une personne âgée avec des capacités cognitives et physiques correctes n’aura pas les mêmes besoins qu’une personne âgée atteinte de démence. Les animaux, le matériel pédagogique utilisé, mais aussi notre approche et notre relation à l’autre doit s’adapter selon chaque public. Certains auront besoin d’animaux calmes, d’autres d’animaux plus vifs. Certains seront plus dans le tactile, ou le visuel (dans ce cas on peut avoir des textures, des longueurs, des couleurs de poils différents, ou varier avec des animaux à plumes, à écailles si possible), d’autres plus dans le relationnel. Il faut faire attention dans le choix du matériel choisis pour ne pas mettre en difficulté les bénéficiaires (ce serait la pire chose à faire) mais aussi veiller à ce que ce ne soit pas trop infantilisant (on ne va pas utiliser des jeux qui sont visuellement très enfantins avec des personnes âgées ou des personnes avec un handicap moteur, qui ont encore toute leur conscience et leurs capacités cognitives), ou encore utiliser du matériel qui soit trop facile. La façon dont on s’adresse aux bénéficiaires change d’un public à l’autre. Pour établir un lien sain avec des personnes âgées, je m’adresse à elle en les vouvoyant et en les appelant par leur nom de famille, les tutoyer serait considéré comme irrespectueux (sauf si l’une d’elle demande expressément d’être appelée par son prénom). Par contre je n’ai jamais vouvoyé un adulte en Foyer d’Accueil Médicalisé ou en Maison d’Accueil Spécialisée, je les tutoie et les appelle par leur prénom, non pas pour les infantiliser, mais parce que vouvoyer ce public mettrait une distance dans le lien que l’on veut construire avec eux. Certains publics ont besoin que l’on s’adresse à eux d’une manière qui rappelle le motherese (le langage que l’on utilise avec les bébés et les petits enfants), en parlant lentement, en utilisant des mots simples, en articulant chaque syllabe et en exagérant l’intonation de la voix. Il est important de se faire comprendre lorsqu’on explique une tâche à faire pour s’assurer que, si le bénéficiaire présente des difficultés à la réaliser, cela provient de la complexité de la tâche et non pas d’une incompréhension des consignes. Par contre cette façon de parler pourrait être mal perçue par d’autres. Il faut constamment s’adapter. Pareillement pour la distanciation sociale et le tactile. On peut encourager un enfant avec un polyhandicap en lui caressant le dos de la main ou le bras, cela peut le stimuler et le réconforter. Ces mêmes gestes pourraient avoir un résultat catastrophique sur un jeune atteint d’autisme. C’est pourquoi une connaissance de ces publics est essentielle. Connaissances sur le comportement et le bien-être animalD’après mes différents échanges avec d’autres intervenants en médiation animale, la plupart proviennent de formations du médico-social et/ou sont d’anciens employés d’établissements médico-sociaux et moins proviennent du milieu animalier. C’est mon impression. Mais en fait j’ai envie de dire, peu importe, que l’on sorte de l’un ou de l’autre de ces milieux, il faut impérativement se former à celui qui nous manque. Déjà en premier lieu, connaitre le comportement animal, permet de choisir ses animaux médiateurs au mieux. On pourra toujours se tromper bien sûr, mais on pourra diminuer ce taux d’erreur. Que ce soit du plus petit hamster à l’imposant cheval, il faut connaitre l’éthogramme de chaque espèce avec laquelle on veut travailler. Même pour un petit NAC, n’importe lequel ne fera pas l’affaire car on attend de lui qu’il apporte une valeur ajoutée à la séance et à l’équipe, et qu’il ne soit pas en situation de mal-être permanent. De toute façon, les deux se rejoignent, un animal stressé ne sera forcément pas un bon animal médiateur et la séance n’aura pas l’effet escompté sur le bénéficiaire. Nous devons pouvoir intervenir tout de suite en cas de situation dangereuse ou stressante pour l’animal mais ça ne suffit pas, il faut pouvoir anticiper au maximum pour que ces situations n’arrivent pas. Les besoins de chaque espèce doivent être pris en compte et respectés. Doit-on choisir un animal dès son plus jeune âge pour qu’il soit un bon animal médiateur ? Pas forcément ! Selon les cas cela peut être une bonne idée mais ça peut aussi être un piège. Encore une fois il faut avoir une bonne connaissance du comportement et des différentes espèces. Que ce soit un chien, un chat, un cochon d’Inde, on peut voir dès le plus jeune âge bien sûr les différents tempéraments des frères et sœurs au sein d’une même portée, et selon ce que l’on compte faire avec cet animal on va choisir le plus avenant, le plus calme ou le plus joueur, etc. On a une idée de sa future personnalité, et c’est important, mais celle-ci peut évoluer une fois l’animal mature avec l’arrivée des hormones et finir par ne plus correspondre à ce que l’on attendait au départ. C’est le risque de prendre un animal jeune. D’un autre côté l’avantage va être que l’on pourra le sensibiliser et l’habituer au plus tôt au transport, aux établissements dans lesquels on se rend, avec tout leur lot d’odeurs et de bruits. J’ai pu discuter avec plusieurs intervenants qui avaient adopté un premier chien qui s’est avéré parfait pour la médiation, puis en ont adopté un deuxième, de la même race, du même éleveur, et au final c’est une toute autre expérience qu’ils ont eu avec ce deuxième chien qui n’était, soit pas du tout fait pour la médiation, soit ne se comportait pas du tout pareil que le premier en séance, ne supportait pas certains publics, etc. Sachant que quand vous adoptez un deuxième animal d’une espèce très sociale comme le chien ou le lapin, ce deuxième animal n’aura pas forcément la même relation avec vous que la relation que vous avez eu avec le premier. Le premier animal va s’attacher fort à son humain (en général) car c’est le seul être avec qui il peut être en interaction, il va être éduqué à 100% par l’humain, etc. Mais le deuxième animal (surtout quand on le prend jeune) va trouver à la maison un autre représentant de son espèce, donc évidemment et naturellement qu’il va être fortement attaché à lui, qu’il va plus apprendre et imiter un individu de son espèce qu’un humain. C’est exactement ce qui est arrivé avec mes lapins, ma première lapine que j’ai adopté seule est hyper attachée à moi mais mon deuxième lapin que j’ai adopté à 2 mois est lui hyper attaché à ma lapine et je n’ai pas du tout la même relation avec lui qu’avec elle. C’est même elle qui l’a éduqué car il l’imitait dans absolument tout. Heureusement il reste un super lapin médiateur et en séance nous avons une bonne complicité, il a gardé en grandissant son tempérament doux et calme pour lequel je l’avais choisi. Les différentes formations possibles (non exhaustif)Il existe aujourd’hui de plus en plus de formations pour devenir intervenant en médiation animale. J’ai personnellement suivi celle d’Agatéa, Chargé de projet en médiation animale, qui est, aux dernières nouvelles, la seule formation qui délivre un diplôme reconnu par l’Etat.
Juridiquement il n’est pas obligatoire de se former car le métier d’intervenant en médiation animale n’est pas reconnu, mais il faut le faire quand même ! Pour avoir une légitimité, pour proposer un accompagnement de qualité, pour combler les connaissances manquantes, etc. Par contre l’obtention de l’ACACED est obligatoire pour pouvoir travailler avec des animaux. C’est une certification qui atteste que vous êtes aptes à assurer le bien-être de vos animaux (en théorie) et que vous connaissez les différents textes et lois liés à votre activité professionnelle. Il existe un ACACED chien, un chat, un NAC (il est possible aussi de passer les trois en même temps). Pour les autres animaux non domestiques il faut de toute façon un certificat de capacité pour pouvoir en avoir à la maison. Petit récapitulatif des formations existantes :
A côté de ces formations principales il en existe aussi plusieurs autres plus petites proposées par ces mêmes instituts pour compléter ses connaissances ou pour se spécialiser que ce soit sur une espèce animale, une approche particulière, un public particulier, etc. Il est aussi désormais possible de se former à l’université :
Vous pouvez cliquer sur les liens c'est cadeau ;) Comme j’ai dit la liste n’est pas exhaustive, il en existe de plus en plus et des plus ou moins qualitatives. Il faut se renseigner et choisir celle qui vous convient le plus par rapport à vos attentes, à vos besoins, à vos contraintes. Ne pas hésiter à demander les avis de personnes les ayant déjà suivies.
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AuteurNour Babaali Archives
Août 2022
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